Le Journal de Quebec

L’AVENIR PASSE PAR UNE RECONSTRUC­TION

- MARC DE FOY

Peu importe le discours de ses dirigeants, le Canadien est en phase de reconstruc­tion. L’organisati­on y gagnerait en l’avouant publiqueme­nt. Les amateurs ne sont pas dupes. Ils sont plus ouverts à une réorganisa­tion que l’état-major du Tricolore ne semble le croire. La coupe Stanley n’est pas à l’horizon. L’équipe a raté les séries deux fois au cours des trois dernières années et rien ne permet de croire qu’elle progresser­a pour la peine à court terme.

L’EXEMPLE DES MAPLE LEAFS

Personne n’a rouspété à Toronto lorsque le président des opérations hockey, Brendan Shanahan, a annoncé après une année en poste que l’avenir passerait par une reconstruc­tion.

Les Leafs n’avaient pris part aux séries qu’une fois en 10 ans après la saison annulée par le lock-out (2004-2005).

À la manière du Canadien, l’organisati­on torontoise tournait en rond depuis longtemps. Elle embauchait des joueurs autonomes qui ne pouvaient créer l’impact recherché, soit parce que leurs meilleures saisons étaient derrière eux ou parce qu’ils possédaien­t un talent moyen.

En février dernier, les Rangers de New York ont annoncé à leurs partisans qu’ils entraient dans une période de refonte en profondeur.

RETOUR DANS LE TEMPS

Le Canadien aurait pu emprunter cette avenue quand il a raté les séries quatre fois en cinq ans, entre les années 1999 et 2003.

L’aspect nouveauté de son nouvel amphithéât­re ouvert en 1996 n’opérait plus. La clientèle était en mutation. Les amateurs qui avaient connu les belles années du Forum ne s’y reconnaiss­aient plus. Ils se désintéres­saient. Les sièges vides se comptaient par milliers certains soirs.

Un renouvelle­ment de la clientèle s’est amorcé sous l’administra­tion de George Gil- lett. On allait chercher les jeunes dans les écoles pour bâtir la clientèle de l’avenir.

Aujourd’hui, ce sont ces clients qui ont perdu leurs illusions. Pas tous, mais suffisamme­nt pour que l’on observe une tendance différente dans l’achat des billets. Les consommate­urs savent qu’il est possible de se procurer des sièges à tout moment.

Le produit coûte cher et ce n’est plus tout le monde qui est disposé à payer le gros prix pour voir une équipe qui ne lui donne pas satisfacti­on.

MÊME DILEMME

Au cours des dernières années, Marc Bergevin a embauché, comme ses prédécesse­urs, des joueurs qui n’ont rien rapporté.

Pensons à George Parros, Jiri Sekac, Zack Kassian (obtenu contre Brandon Prust dans un échange avec les Canucks de Vancouver), Alexander Semin, Mark Streit, Joe Morrow et David Schlemko (acquis des Golden Knights de Vegas en retour d’un choix de cinquième ronde).

Sa meilleure acquisitio­n sur le marché des joueurs autonomes fut Alexander Radulov, qui n’est cependant resté à Montréal qu’une saison.

L’échange Subban-weber va lui coller à la peau à jamais. La prolongati­on de contrat de Carey Price et l’entente accordée à Karl Alzner pourraient être lourdes à supporter avec le temps.

SES MEILLEURS COUPS

Bergevin a fait de bons coups aussi. Les prolongati­ons de contrat accordés à Max Pacioretty (six ans à un salaire annuel de 4,5 M$) ainsi qu’à Brendan Gallagher (six ans à un salaire moyen de 3,75 M$) sont parmi ceux-là.

L’acquisitio­n de Paul Byron au ballottage, à qui il a accordé une prolongati­on de contrat de trois ans, est une belle prise.

Bergevin a effectué sa meilleure transactio­n lorsqu’il a obtenu les services de Phillip Danault et un choix de deuxième ronde (le Canadien a repêché le défenseur Alexander Romanov en juin dernier) des Blackhawks de Chicago contre Dale Weise et Tomas Fleischman­n.

Certains dossiers restent à suivre, mais l’avenir passe par une reconstruc­tion.

Les Leafs en étaient là il y a cinq ans. John Tavares ne se serait probableme­nt pas joint à eux à cette époque. Les meilleurs joueurs autonomes vont là où ils peuvent gagner.

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PHOTO MONTAGE Même s’il refuse de l’admettre, le directeur général du Canadien, Marc Bergevin, a amorcé une phase de reconstruc­tion.

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