Pas de relève à La Malbaie
Près d’une dizaine d’établissements d’hébergement sont vendre, dont certains depuis plusieurs années
Plusieurs propriétaires d’établissements d’hébergement à La Malbaie craignent de ne jamais pouvoir prendre leur retraite ou de voir l’investissement de leur vie disparaître. Ils sont une dizaine à tenter de vendre leur propriété pour passer le flambeau, mais la relève n’est pas au rendez-vous.
André et Évelyne Litzelmann, propriétaires de l’auberge Les Sources, essaient de vendre depuis sept ans. À 62 ans, le couple aimerait bien profiter de la retraite.
« On cherche tous à vendre, mais les banques mettent la barre très haute, en demandant 50 % du financement. Ça n’encourage pas les jeunes entrepreneurs », lance Mme Litzelmann, qui précise que l’auberge est à vendre au coût de 900000 $.
« Trouver quelqu’un qui a 450 000 $, ce n’est pas facile », poursuit-elle.
Les pancartes à vendre se multiplient dans le secteur du Manoir Richelieu. Il y en a près d’une dizaine.
DIFFICILE
Sondés par Le Journal, les propriétaires font, pour la plupart, le même constat que le couple Litzelmann : il n’y a pas de relève et le financement des banques est difficile à obtenir.
Outre l’auberge des Sources, le gîte Dentelle et Pignon, le gîte Aigle pêcheur, l’auberge La Marmite, l’auberge des Peupliers, les motels Le point de vue et le Mirage, la Maison les Mille Roches et le gîte Le Repos du Roi sont également à vendre.
Aux Éboulements, le propriétaire de l’auberge de Nos Aïeux a choisi de fermer ses portes pour la basse saison ( voir autre texte). C’est ce choix que craint de devoir faire le couple Litzelmann, s’il ne vend pas.
« J’ai très peur de ça. Ça nous pend au bout du nez », laisse tomber Évelyne Litzelmann en pensant à une fermeture définitive sans avoir vendu.
Serge Gagnon, 65 ans, propriétaire du Gîte Aigle pêcheur – une résidence de vacances pour retraités –, tente de vendre depuis deux ans. « Je ne mets pas de pancarte, car je ne veux pas perdre mes clients, indique-t-il. J’ai 65 ans, l’âge de la retraite, il faut penser à la prendre. »
Pierre Bujeau, propriétaire du gîte Dentelle et Pignon, souhaite passer à autre chose, après 12 ans d’opération. « On vient de Laval, nos enfants et petits-enfants sont tous à Laval et on ne les voit pas, indique l’homme de 68 ans. Ça fait longtemps que j’ai l’âge de la retraite. J’ai hâte de penser à rien. Je suis conscient que ça peut être long, la vente, mais on prendra le temps qu’il faut. »
Plusieurs propriétaires ont également choisi de ne pas afficher « à vendre » directement sur leur terrain, craignant que ça nuise aux affaires, fait valoir Mme Litzelmann.
« PRÉOCCUPANT »
Le maire de La Malbaie, Michel Couturier, admet que la situation est préoccupante.
« On a toujours intérêt à ce qu’une institution hôtelière sur le territoire trouve acheteur et que ça fonctionne bien », indique-t-il, ajoutant qu’il a déjà songé à acquérir un hôtel dans sa ville.
« J’ai vite constaté que c’est vrai : les banques prêtent à 50 % sur 15 ans. Il y a une balance de financement qui est très difficile à obtenir », lance-t-il.