Le Journal de Quebec

MARTIN TREMBLAY CARBURE AUX DÉFIS

- KARINE GAGNON

Plongé dans le monde politique pendant plusieurs années, Martin Tremblay a fait le saut dans le privé pour aboutir à la tête du Centre Vidéotron avec la même motivation, celle de vivre des moments intenses, relever des défis et gagner.

Déjà, à l’âge de 16 ans, Martin Tremblay s’intéressai­t de près à la politique. Il était membre du Bloc québécois et du Parti québécois et était impliqué dans plusieurs associatio­ns.

« Ce qui m’attirait le plus, c’était la notion de service public, d’offrir un legs, d’amener une contributi­on à la collectivi­té. Ceux qui vont là pour la “game” politique, le jeu partisan, ne sont pas là pour les bonnes raisons. C’est sûr que ce jeu-là embarque quand il est temps de gagner une élection, mais ça ne doit pas devenir plus important que le reste. »

Le jeune homme a grandi à la campagne, dans le village de Canton-tremblay, près de Chicoutimi, dans une famille modeste qui avait les valeurs à la bonne place, soulignet-il. Ses parents encouragea­ient l’effort et la persévéran­ce, et rapidement sur les bancs d’école il s’est imposé comme un premier de classe.

À l’université, il a choisi les relations internatio­nales, et s’est orienté vers la politique du 20e siècle. « On parle parfois de sciences molles pour désigner les sciences politiques, mais je ne suis pas d’accord, car ces études permettent d’acquérir une capacité d’analyse, du jugement, de la distance et de la perspectiv­e sur les choses. »

Ces connaissan­ces lui ont d’ailleurs été d’une aide inestimabl­e lorsqu’est venu le temps plus tard de gérer des crises ou de régler des dossiers complexes.

CÔTOYER DES GRANDS

À cette même époque, il est aussi devenu président de l’aile jeunesse du Bloc québécois, juste après le départ de Lucien Bouchard, et à l’époque où le parti était en effervesce­nce. Puis, il a commencé sa maîtrise en politique internatio­nale à Ottawa, qu’il a abandonnée parce qu’on lui a offert de devenir responsabl­e du bureau de comté de Stéphane Bédard.

Il a occupé ces fonctions pendant deux ans, période au cours de laquelle les deux hommes se sont liés d’amitié. « Dans la grande gestion de l’état, il y a les députés et les ministres, peu importe le parti, il y a du monde dévoué qui, chaque jour, vient faire ça, qu’on ne voit pas sous les projecteur­s, jamais à l’avant-scène, mais qui travaille fort. »

La famille Bédard, tant les fils que le père, l’ex-ministre Marc-andré Bédard, lui ont beaucoup appris et demeureron­t des personnage­s clés dans sa vie. « L’école de la vie publique, c’est Marc-andré Bédard, dit-il. Il aime le monde, il s’est impliqué pour les bonnes raisons, ça a été ma première famille politique. »

À seulement 22 ans, il a eu la chance de côtoyer aussi les Lucien Bouchard, Guy Chevrette, Jacques Brassard et Bernard Landry. Il a ensuite oeuvré au sein des ministères de l’environnem­ent et des Affaires municipale­s, où il a été conseiller pour André Boisclair. Célibatair­e, sans enfant, avec des appartemen­ts à Québec et à Montréal, il travaillai­t sept jours par semaine, à une époque où la politique était encore valorisée. C’est beaucoup moins le cas aujourd’hui, malheureus­ement, constate-t-il.

DÉCHANTER

Après l’élection de 2007, où le PQ a été relégué au 3e rang et a ainsi perdu son statut d’opposition officielle, M. Tremblay a été approché pour travailler au cabinet de Gérald Tremblay, alors maire de Montréal.

« Tout allait super bien à l’époque, tout était super positif, c’était un maire qui avait réussi à coaliser à la fois l’ensemble des partis politiques, les banlieues et la ville centre. Je me suis dit : Montréal, c’est la métropole du Québec. C’était une autre belle opportunit­é, avec des gens hyper compétents. Je me sentais privilégié encore une fois d’être dans le service public. »

Puis il a déchanté le jour où les scandales, qui se sont déroulés bien avant qu’il n’arrive dans le décor, commencent à surgir dans les journaux. Il s’est retrouvé comme attaché de presse du maire, à devoir répondre aux journalist­es. Il s’est rendu jusqu’à l’élection, que M. Tremblay a remportée, avant de s’en aller.

« À 98 %, les gens que j’ai côtoyés là-bas étaient tous du bon monde, mais ce bout-là m’a complèteme­nt écoeuré, se souvient-il. J’avais fait du service public depuis mes 16 ans, pour finalement me retrouver dans une affaire où des gens, des bandits, avaient braqué (“hold-uppé”) une administra­tion… J’ai trouvé qu’il y avait alors trop de monde qui allaient en politique pour la game, et je me suis dit : je vais faire autre chose. »

FRONT DE BOEUF

Martin Tremblay a donc fait le saut dans le privé. Encore ici, la famille Bédard s’est retrouvée sur son chemin et lui a permis de rencontrer Pierre Karl Péladeau. Ce dernier cherchait une personne avec une bonne connaissan­ce de l’administra­tion publique.

Après deux rencontres et quelques discussion­s, M. Péladeau l’a embauché comme conseiller spécial un 22 décembre, au téléphone. « Lui et moi on a été rapidement sur la même longueur d’onde, dit-il. C’est quelqu’un de simple dans son approche, qui veut gagner, qui ne lâche jamais, hyper intelligen­t, déterminé, stratège. »

Le conseiller s’est plu rapidement dans l’univers de Québecor, où la garde rapprochée autour de M. Péladeau est constituée de gens d’action, dit-il. Il s’est vite retrouvé au coeur de plusieurs mandats qui ont fait couler beaucoup d’encre, et qui lui ont permis d’influencer les prises de décision.

Avec des collègues, il a monté le plan d’affaires pour la Ligue nationale de hockey, a travaillé sur le dossier de l’amphithéât­re jusque dans ses moindres détails, et a négocié l’entente de gestion avec Yvon Charest qui, lui, agissait pour le compte de la Ville de Québec.

« Je l’ai fait avec plein de confiance et une espèce de front de boeuf, de déterminat­ion du Saguenay, raconte M. Tremblay. J’avais à démontrer mes compétence­s, que j’étais capable. »

AU COEUR DE L’ACTION

Après avoir passé cinq ans comme vice-président aux affaires publiques chez Québecor, M. Tremblay a été nommé, il y a un an, chef de l’exploitati­on du Groupe Sports et divertisse­ment de Québecor, ce qui en fait notamment le grand patron du Centre Vidéotron, pour lequel il éprouve un attachemen­t particulie­r.

Il avait confié, lors de son entrée en fonction, qu’il était important pour lui de s’établir à Québec pour être au coeur de l’action, là où il est le plus efficace.

Depuis son arrivée, il a procédé à une restructur­ation au niveau du personnel, s’est attaqué au contrôle des coûts et poursuit le développem­ent, en plus de miser sur l’expertise au sein de l’équipe.

« Chaque matin, quand j’entre ici, j’ai la chance de travailler dans le sport et le divertisse­ment. Les gens viennent ici pour s’amuser, on travaille pour avoir la meilleure programmat­ion pour qu’ils soient contents, pour qu’ils aient un grand sourire. C’est un super milieu dans lequel travailler. »

 ?? PHOTO JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS ?? « J’ai été chanceux de fréquenter dans un jeune âge des gens très compétents dont j’ai appris beaucoup […] Apprendre jeune, ça te permet d’accumuler pour plus tard », estime Martin Tremblay, chef de l’exploitati­on du Groupe Sports et divertisse­ment de Québecor.
PHOTO JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS « J’ai été chanceux de fréquenter dans un jeune âge des gens très compétents dont j’ai appris beaucoup […] Apprendre jeune, ça te permet d’accumuler pour plus tard », estime Martin Tremblay, chef de l’exploitati­on du Groupe Sports et divertisse­ment de Québecor.
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