À l’image d’andré Forcier
Présenté au FCVQ, Des histoires inventées est un film inclassable qui navigue entre la réalité et la fiction
André Forcier s’est déjà qualifié de cinéaste inclassable. Il allait donc de soi qu’un documentaire consacré à son oeuvre sorte grandement des sentiers battus.
Dans Des histoires inventées, présenté en grande première au Festival de cinéma de la ville de Québec, le réalisateur saguenéen Jean-marc E. Roy a carrément recréé des scènes de chaque film de Forcier, du Retour de l’immaculée Conception (1971) à son plus récent Embrasse-moi comme tu m’aimes.
« Je ne voulais pas d’un documentaire conventionnel », a confié Roy, hier. Ce à quoi André Forcier, assis à ses côtés, a vivement rétorqué : « C’est un film de fiction. » Inclassable, qu’on vous disait. Pour arriver à ses fins, Roy a pu compter sur la participation de tous les acteurs fétiches de Forcier, de Roy Dupuis à Céline Bonnier en passant par Donald Pilon, Marie Tifo, Rémy Girard et combien d’autres.
ILS ONT TOUS EMBARQUÉ
Preuve de leur attachement à « l’enfant terrible du cinéma québécois », « ils ont tous accepté d’emblée », a confié Jean-marc E. Roy.
De son côté, le cinéaste de L’eau chaude, l’eau frette ne s’est pas contenté de répondre aux questions. Il apparaît dans chaque scène aux côtés des comédiens, tel un créateur contemplant son oeuvre.
« J’ai été utilisé et manipulé », s’amuse à dire Forcier, qui ne savait jamais d’une journée à l’autre avec quel acteur il se retrouverait sur le plateau ni où il allait.
« C’était important pour moi de lui gar- der des surprises parce que je voulais lui faire un cadeau », justifie Jean-marc E. Roy.
DÉFI DE TAILLE
À la fin, le jeu en a valu la chandelle, ne serait-ce que parce que Forcier a adoré le film dont il se dit même « jaloux de bien des scènes ». « J’ai réussi mon pari, dit Roy, parce qu’au moment où je lui ai présenté le film, en sachant d’ores et déjà qu’il ne revoyait aucun de ses films, je lui ai demandé s’il allait rester dans la salle à Québec. Il m’a dit oui. Pour moi, c’était mission accomplie. » Le défi était d’autant plus colossal que la SODEC a refusé de financer Des histoires inventées. Résultat, Jean-marc E. Roy a dû couper les cennes en quatre pour tourner ce film auquel il travaille depuis six ans. « Je n’avais pas les moyens de me permettre 22 jours de tournage. Alors, toutes les scènes de fiction ont été tournées en neuf jours. »
Roy, qui a tout de même eu l’appui du Conseil des arts et des lettres du Québec et du Conseil des arts du Canada, ne comprend pas la fermeture de la SODEC.
« On tient un double discours. D’un côté, on lui fait des hommages, on en fait un porte-étendard. De l’autre, tu arrives avec une vision originale et différente pour un premier document, parce que rien n’existe sur lui, et on te dit que c’est trop niché. »