Le Journal de Quebec

La maternité aux mille visages

- CINDY LAVERDIÈRE

Cette semaine, je lisais un billet signé par Mélanie Boulay sur le blogue TPLMOMS. Nouvelle maman, elle fait état d’une maternité dont on entend que très peu parler, celle qu’on ne raconte pas sur Instagram : la maternité imparfaite, la maternité qui ne se passe pas comme on l’avait prévu, la maternité qu’on regrette peut-être un peu, parfois.

C’est en partie la raison pour laquelle je tenais tant à écrire cette chronique. Entre les maternités « Marilou » et « Bianca Longpré », je ne trouvais rien qui me rejoignait. On est soit l’incarnatio­n de la Madone ou bien une mère à boutte (rien contre la série, je n’ai pas le câble).

J’ai de la chance. Je suis de celles qui l’ont eu facile. J’ai adoré être enceinte, j’ai eu un accoucheme­nt de rêve dans notre petit trois et demi du quartier Rosemont. Un bébé parfait, une expérience d’allaitemen­t sans trop d’embûches, la presque perfection, quoi ! Je dis presque parce qu’à travers mon expérience, somme toute positive, il y a quand même eu quelques petits accrocs.

Une hémorragie post-partum à un cheveu de m’envoyer à l’hôpital, cinq premières semaines d’allaitemen­t douloureux, des épisodes d’impatience face à un petit trésor pour qui dormir est overrated. Rien de bien traumatisa­nt, vous me direz. Vous avez raison. Mais je n’en ai que très rarement parlé. J’essaie de changer ça.

BELLE ET IMPARFAITE

Il y a autant d’expérience­s de la maternité qu’il y a de femmes sur la terre. Toutes ne sont pas parfaites ou désastreus­es, mais je dois me ranger du côté de Mélanie Boulay. On idéalise beaucoup « l’idée » de la maternité avant que ça nous arrive en vrai. Mais tout n’est pas aussi poétique que ça peut parfois sembler, et ça, personne n’en fait vraiment état. Comme s’il était tabou d’exposer la maternité comme elle l’est vraiment : belle ET imparfaite.

À l’annonce d’une grossesse, on entend souvent : « Tu vas adorer être maman. » « C’est une expérience formidable. » « Tu vas connaître le vrai bonheur. »

Il y a beaucoup de vérité dans ces affirmatio­ns, mais pour une raison que j’ignore, les mères choisissen­t souvent de taire les défis de la ma- ternité. Peut-être est-ce du déni, la honte, une façon d’assurer la procréatio­n ou alors de se protéger. Quoi qu’il en soit, le fait d’ignorer certaines des émotions les plus difficiles que les mères peuvent ressentir tout en véhiculant l’illusion d’un bonheur conjugué au plus-que-parfait peut nuire aux nouvelles mamans qui finissent souvent par se sentir isolées, inadéquate­s ou trahies par cette vision à sens unique de la maternité.

Heureuseme­nt, quelques mères commencent à s’exprimer sur leur expérience moins que parfaite. Les Ali Wong, Chrissy Teigen et Angela Garbes ne sont que quelques exemples de mères qui osent partager certains des aspects les moins reluisants de la maternité. Des changement­s corporels aux remises en question en passant par la charge mentale et des bébés pas toujours faciles, les futures mamans ont besoin d’en entendre parler. J’aurais aimé en entendre parler.

Bien que rien ni personne ne puisse nous préparer totalement à devenir mères, je pense que nous nous devons au moins d’essayer. Partageons nos histoires, belles et moins belles, afin d’offrir une vision plus nuancée et moins unidimensi­onnelle de la maternité. Un aperçu plus près de l’expérience réelle aidera les mères à se créer des attentes plus réalistes.

Alors, nouvelles mamans, je vous dis : « Félicitati­ons ! » Mais surtout : « Vous n’êtes pas seules. »

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