Le Journal de Quebec

Gros problème d’identité sexuelle

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Je suis en couple depuis 13 ans. Nous avons deux enfants de 8 et 5 ans, et les choses se sont toujours bien passées. On a traversé des orages, mais quel couple n’en a pas vécu ? Mon conjoint travaille en ingénierie, et moi dans le culturel. Nous avons toujours eu des divergence­s sur la façon de percevoir la vie, mais on s’est toujours alimentés l’un l’autre pour se rejoindre sur l’essentiel, même si mon conjoint a toujours été plus cérébral et moi plus encline à me laisser emporter par mes émotions.

J’ai passé l’été dernier à l’extérieur de la maison puisque j’étais affectée en province. J’ai habité en colocation avec une autre fille affectée au projet pendant la presque totalité de mon séjour, sauf pour les deux semaines où mon conjoint est venu me retrouver avec les enfants, qui étaient inscrits en camp de jour le reste du temps.

J’en arrive au point crucial de mon propos. Moi qui me suis toujours sentie hétérosexu­elle depuis que je suis en âge de m’intéresser à l’autre sexe, il m’est arrivé quelque chose de surprenant que j’ose vous dévoiler ici pour savoir ce que vous en pensez. Voilà, j’ai eu une aventure avec ma coloc.

C’est arrivé un soir qu’on avait un peu bu après la production et qu’on vivait l’une et l’autre un manque sur le plan sexuel. Elle avec sa blonde des deux dernières années, et moi avec mon conjoint. Le lendemain matin, pour me rassurer, j’ai mis ça sur le compte de l’alcool et de la disette sexuelle dans laquelle je vivais depuis mon départ de Montréal.

Mais le soir, je ne sais qui d’elle ou moi a donné le signal de départ, mais on a remis ça une nouvelle fois, et toujours avec le même plaisir, même si l’alcool cette fois n’y était pour pas grand-chose dans l’affaire. En tout cas, certaineme­nt pas comme la veille. Ça s’est poursuivi jusqu’à la venue de ma famille et ça a recommencé après leur départ.

Pendant la présence de mon conjoint, je ne sais si c’est par culpabilit­é ou par attrait réel, mais j’ai fait l’amour avec lui et je pense y avoir trouvé une certaine satisfacti­on. Mais dès son départ, l’histoire avec cette fille a repris de plus belle et a duré jusqu’à la fin de l’été.

Les quelques fois où je suis revenue à Montréal pendant les weekends pour voir ma famille ça se passait bien, mais maintenant que je suis là en permanence et que je ne vois plus l’autre, je m’ennuie désespérém­ent, surtout qu’elle semble avoir repris sa relation d’avant sans être en rien affectée par mon absence. Elle me dit que ce n’est pas la première fois que ça lui arrive et qu’elle vit bien avec ça.

Mais moi je m’ennuie d’elle, et surtout, je ne sais plus quoi penser de moi ! Je continue ma vie normale avec mon conjoint, mais je n’y trouve plus le même intérêt. Serais-je un beau cas de lesbienne qui s’ignore par peur de la suite ? Rendue à 38 ans, ce serait quand même un comble ! Anonyme qui a honte d’elle-même

Pourquoi avoir honte ? Il n’y a là aucune intention malveillan­te de votre part. C’est certain que ce qui s’est passé l’été dernier bouscule bien des choses en vous, et sincèremen­t, votre âge n’a rien à voir avec ça. C’est le corps et l’instinct qui ont parlé dans des circonstan­ces où ils ont pu s’exprimer.

Maintenant, ce que vous ferez avec ça est de votre ressort. Et si j’étais à votre place, je ne laisserais pas l’événement se perdre dans la nature sans tenter d’en cerner les contours. Êtes-vous homosexuel­le, bisexuelle ou queer ? C’est à vous de le découvrir. Mais cela ne se fera pas sans une aide extérieure propice à vous permettre de mieux naviguer dans ce méandre important de votre vie.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada