Le Journal de Quebec

Est - ce que les bagarres ont encore leur place au hockey?

Nicolas Deslaurier­s a dû quitter le match en sang lundi soir après s’être battu.

- MARC DE FOY marc.defoy@quebecorme­dia.com

Nicolas Deslaurier­s a-t-il bien fait de répondre à une invitation au combat d’un joueur étiqueté Ligue américaine lundi soir ? La réponse la plus entendue hier disait qu’il n’avait pas le choix. Vraiment ? Le résultat est qu’il a subi une blessure qui a nécessité une opération au visage et que le Canadien sera privé de ses services pour une période indétermin­ée.

La bagarre qui a opposé Deslaurier­s à Brandon Baddock a été le résultat d’une peccadille. Le joueur du Tricolore a plaqué son adversaire dans la bande. Une mise en échec comme on en voit par dizaines dans un match. Baddock l’a pourchassé jusqu’en zone centrale. C’est là que le duel a éclaté.

Ce sont les vestiges d’une mentalité d’homme des cavernes que le hockey devrait éradiquer jusqu’à la racine. La Ligue nationale a fait de grandes avancées à cet égard au cours des dernières années. Les matamores ont disparu, mais il y a encore de la résistance.

MATIÈRE À RÉFLEXION

Les bagarres ne font plus partie du hockey. En fait, elles n’auraient jamais dû être permises. Les cas de joueurs du passé aux prises avec de graves problèmes neurologiq­ues résultant de coups à la tête n’en finissent plus de s’accumuler.

La présence d’encéphalop­athie traumatiqu­e chronique (ETC) a été détectée sur les cerveaux d’anciens joueurs qui avaient livré une multitude de combats pendant leur carrière. C’est sans parler des mises en échec appliquées à la hauteur de la tête.

Des histoires tristes d’anciens joueurs souffrant de troubles cognitifs font les manchettes depuis quelques années.

En juin dernier, l’ex-dur à cuire Daniel Carcillo a déclaré qu’il serait disposé à ce que son nom soit effacé de la coupe Stanley et à rendre la bague qu’il a remportée avec les Blackhawks de Chicago si ça lui redonnait la santé.

Nick Boynton a raconté lui aussi la détresse qu’il vit. Wade Belak, Mark Rypien et Steve Montador se sont enlevé la vie.

Ça devrait suffire à convaincre les joueurs que leur santé est en jeu quand ils se tapent sur la tête. Ces gars-là ne sont pas fous quand même.

LE TEMPS N’EST PLUS AU DÉNI

Il y a quelques semaines, le réseau TSN a diffusé un reportage au sujet de Joe Murphy, premier choix au repêchage de la LNH en 1986, qui vit à la manière d’un sans-abri à Kenora, dans le nord de l’ontario.

Il n’a plus jamais été le même homme après avoir été sonné par une mise en échec de Shawn Burr, qu’il avait eu comme coéquipier avec les Red Wings de Detroit.

En 2013, plusieurs anciens joueurs ont entrepris des démarches afin d’intenter un recours collectif contre la LNH. Quelque 500 joueurs ont inscrit leur nom sur la liste des plaignants. Mais en juillet dernier, une juge d’une cour fédérale des États-unis a rejeté le dépôt du recours. Les joueurs devront défendre leur cause individuel­lement.

Or, des pourparler­s sont en cours pour tenter d’en arriver à une résolution à l’amiable. Gary Bettman ne peut plus prétendre que la science n’a pas encore démontré hors de toute qu’il existe un lien entre les coups à la tête et L’ETC.

La Ligue nationale de football en est venue à une entente hors cour avec ses anciens joueurs. La NFL a accepté de verser 765 millions aux plaignants. Selon des experts en la matière, les compensati­ons se seraient chiffrées dans les milliards de dollars si la cause avait été entendue jusqu’au bout.

PERTE D’UN JOUEUR RÉGULIER

En attendant, le Canadien perd les services d’un joueur qui lui est utile.

Deslaurier­s a mérité la confiance de ses patrons lorsque Marc Bergevin l’a acquis des Sabres de Buffalo en retour de Zach Redmond en octobre. Il s’est rapporté au Rocket de Laval avec la ferme intention de monter avec le grand club le plus vite possible.

Bergevin n’a pas attendu à la fin de la saison pour lui offrir un nouveau contrat. En février, Deslaurier­s se voyait gratifié d’une entente de deux ans d’une valeur de 1,9 million.

Il sera peut-être de retour pour le début de la saison, le 3 octobre. Mais le Tricolore a besoin de lui sur la glace et non à l’infirmerie en ces temps où il lui faut tous ses effectifs. Deslaurier­s et les joueurs comme lui peuvent s’imposer physiqueme­nt sans avoir à se battre.

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La chronique de Marc de Foy
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