L’épicerie à 75 $ de Couillard est irréaliste
Il a estimé hier faisable de nourrir une famille pour 75 $ par semaine CATHERINE LABELLE Nutritionniste
Il coûterait près de 190 $ par semaine pour nourrir correctement un adulte et deux enfants, selon le Dispensaire diététique de Montréal. Une facture 2,5 fois plus élevée que celle à 75 $ évoquée par Philippe Couillard hier.
Interrogé sur les ondes d’énergie pour savoir s’il était possible de nourrir un adulte et deux ados pour moins de 75 $ par semaine, le premier ministre a estimé que c’était « faisable ».
« Je penserais que oui. Par contre, les menus ne seront pas très variés et on sera pas mal sur le végétal », a affirmé le chef libéral.
Il a précisé sa position à son entrée au débat des chefs à TVA hier soir. « La question, c’est est-ce que c’est faisable. Oui c’est faisable. Mais ce n’est pas souhaitable », a expliqué M. Couillard.
La facture évoquée par M.couillard semble bien éloignée du panier nutritif que réalise trois fois par an le Dispensaire diététique, un organisme montréalais spécialisé en nutrition.
Selon ce document, le coût minimum d’un régime nutritif pour une femme qui a entre 31 et 50 ans et deux adolescents entre 14 et 18 ans est de 190 $.
PAS DANS LA VRAIE VIE
« Je pense que M. Couillard n’est pas dans la vraie vie, il vit à un autre rythme, lui. 75 $ par semaine, ce n’est pas réaliste du tout », indique la nutritionniste Catherine Labelle, du Dispensaire diététique.
« Avec ce budget-là, on ne serait même pas sur du végétal, mais sur des pâtes alimentaires, précise le chercheur de l’institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS), Philippe Hurteau. C’est étonnant d’entendre le premier ministre tenir ce type de propos surtout que Philippe Couillard est médecin de formation. [Il devrait] savoir que le corps a besoin d’une diversité en types de nutriments. »
Selon L’IRIS, une famille de quatre (deux adultes, deux enfants) dont les deux parents sont au salaire minimum à temps plein ne dispose que de 210 $ par semaine pour se nourrir (épicerie, produits ménagers, alcool, restaurant) après que toutes les autres factures ont été payées, comme le logement, l’électricité, le transport et autres.
En mars, Le Journal avait relaté les difficultés d’une famille aisée qui avait accepté de se nourrir avec ce budget pendant un mois.