Amours imparfaites
La Bordée lance sa 42e saison avec une pièce déjantée
Il y a les histoires d’amour parfaites et qui font rêver. Il y a aussi celles qui sont complexes, inhabituelles et qui sont parfois douloureuses. La réunification des deux Corées, de Joël Pommerat, est une immersion dans les amours troublantes, ambiguës et déchirantes.
À l’affiche jusqu’au 13 octobre à La Bordée, la pièce du dramaturge français, mise en scène par le directeur artistique Michel Nadeau, raconte, à travers une série de vignettes, vingt petites histoires.
Des histoires qui abordent la complexité des relations amoureuses et des rapports parfois compliqués avec l’être aimé. Des histoires souvent dramatiques, tordues et loufoques.
Le ton est rapidement donné avec l’interprétation, par Olivier Normand, de la pièce Mysteries of Love de Julee Cruise, que l’on retrouve dans le film Blue Velvet de David Lynch. Une belle introduction onirique où les neuf comédiens défilent dans un décor simple et très épuré.
HUMOUR CINGLANT
Il y a des ruptures, de l’infidélité, des drames, de l’incompréhension, des secrets déterrés, des révélations, des attentes, des déceptions et des liaisons interdites, comme celle entre un prêtre et une prostituée.
Certaines vignettes sont plus fortes que d’autres. Les plus déjantées et les plus loufoques sont particulièrement savoureuses. Il y a beaucoup d’humour dans La réunification des deux Corées. De l’humour cinglant et de l’humour de situation.
Le défilement de ces courtes histoires, toutes différentes, amène beaucoup de dynamisme, même si la pièce dure deux heures, sans entracte. Le menu est copieux.
« On s’aime, mais ça ne suffit pas », lance la comédienne Sophie Thibeault, qui provoque une rupture, dans une scène forte présentée en fin de parcours. Une scène qui montre toute la complexité des rapports amoureux.
La mise en scène de Michel Nadeau porte la signature de l’auteur Joël Pommerat. On reconnaît sa façon de faire, ses codes et son univers. Le montage sonore d’yves Dubois est intéressant et les interventions chantées d’olivier Normand créent des contrepoids dramatiques qui sont intéressants.
JEU DE QUALITÉ
Les comédiens Ann-sophie Archer, Emmanuel Bédard, Normand Bissonnette, Gabriel Fournier, Valérie Laroche, Véronika Makdissi-warren, Olivier Normand, Sophie Thibeault et Alexandrine Warren, qui jouent une cinquantaine de personnages, offrent tous un jeu de qualité.
La réunification des deux Corées lance de belle façon la 42e saison de La Bordée. Les oeuvres de Joël Pommerat sont toujours intéressantes et cette pièce, bien tournée, aborde, avec modernité, un sujet universel.