Le Journal de Quebec

Un grand jour pour le Roy

Les Remparts sur la glace Aujourd’hui

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Il se Confie À Karine Gagnon

Quinze ans après sa retraite comme joueur de la LNH, où il s’est distingué comme l’un des plus grands gardiens de l’histoire, Patrick Roy n’en est pas moins le même petit gars de Québec, qui se sent « un peu comme dans ses pantoufles », depuis son retour avec les Remparts

« C’est le contexte idéal, dit celui qui a toujours gardé un pied-à-terre à Québec et pour qui le timing ne pouvait être meilleur après deux ans de pause du hockey. Je fais ce que j’aime, et côté social, ça me permet de voir mes amis et de profiter de la vie. »

Patrick Roy n’aime pas beaucoup parler de lui, et ne s’en cache pas. Ça le gosse, comme il l’exprime sans détour, parce qu’il croit que c’est plutôt aux autres de le faire.

Et malgré les apparences et un parcours incroyable, il reste un grand timide. « C’est dur à croire, mais c’est ça », laisse-t-il tomber, précisant que ce côté gêné l’abandonne toutefois lorsqu’il est question de hockey.

Ainsi, celui qui est revenu à la barre des Remparts cette année reçoit régulièrem­ent des demandes pour présenter des conférence­s, mais les refuse toutes. « Je ne veux rien savoir, dit-il, je ne suis pas à l’aise et je ne me sens pas bien là-dedans. »

Quand je lui fais remarquer que les gens aimeraient pourtant l’entendre, l’ex-gardien étoile du Canadien de Montréal et de l’avalanche du Colorado répond qu’il n’a pas de problème avec les entrevues et qu’il aime bien raconter des anecdotes. Mais il n’en démord pas : parler de lui, ça le dérange. Il estime n’avoir rien à gagner en faisant ça.

REGARDER EN AVANT

Doté d’un remarquabl­e talent, en plus d’être fonceur et perfection­niste, ce natif de Québec a remporté au cours de sa carrière quatre coupes Stanley, trois trophées Vézina et trois trophées Conn Smythe.

Il a aussi été intronisé au Temple de la renommée du hockey, en plus d’avoir été sacré meilleur entraîneur de la LNH, en 2014, alors qu’il était à la barre de l’avalanche du Colorado.

Lorsqu’il a pris sa retraite comme joueur en 2003, il a déclaré aux journalist­es qu’il était rendu à une période de sa vie où il pouvait davantage apprécier ce qu’il avait accompli comme joueur. Dans les faits, il constate aujourd’hui que ça passe très vite et que ça bouge tellement qu’il n’a pas vraiment pris le temps de savourer ce qu’il a accompli.

Ce sont plutôt les gens qui le lui rappellent et lui font vivre des moments particulie­rs, lorsqu’ils viennent le voir ou lui demandent un autographe.

« En même temps, ça fait peut-être partie un peu de la personne que je suis : je ne regarde pas en arrière, mais en avant. »

Le plus spécial, c’est lorsque des jeunes qui ne l’ont jamais vu jouer – parce qu’ils étaient trop jeunes ou n’étaient pas nés – l’arrêtent pour lui parler de ses performanc­es comme gardien, ou appliquent son style papillon. Comme les joueurs des Remparts qu’il dirige aujourd’hui, qui ont entre 16 et 20 ans, ils ont vu ses performanc­es grâce à internet.

« Ça passe très vite, et je vais aller même plus loin, je me considère extrêmemen­t chanceux, car j’ai pu continuer à vivre ma passion dans un rôle différent de celui de joueur. »

GRAND JOUR

S’il ne se rappelle pas ce qui lui est passé par la tête le jour où il a été repêché par le Canadien au troisième tour, en 1984, Patrick Roy se souvient très clairement de la réaction de Pierre Lacroix, son agent devenu un grand ami, qui a couru vers lui comme un fou.

« De la façon dont ça fonctionna­it, ton agent y allait avec le joueur le plus susceptibl­e d’être repêché au deuxième ou troisième tour. Il avait trois clients dans ce repêchage, Sylvain Côté, Steven Finn, avec qui il était assis, et moi. Il m’avait dit : Pat, tu seras peut-être appelé au cinquième ou au sixième tour, on va voir. Imagine, c’est le CH qui parle, et on me nomme ! »

TIRER SON ÉPINGLE DU JEU

Pour Patrick Roy, rien n’était écrit dans le ciel. Ce n’est qu’à partir de ce moment qu’il s’est dit que ça pouvait arriver. « Je n’étais pas un joueur étiqueté, relate-t-il, et c’était parfait de même. Je n’étais pas trop conscient de ce qui se passait, je vivais mon trip de jeune, qui vivait sa passion pour le hockey. »

Il n’oubliera jamais sa première visite du vestiaire du Canadien. « Je mesurais six pieds un, et je pesais 155 livres. J’avais de la misère à lever la barre quand je m’entraînais, les gars devaient rire de moi à mort. Mais écoute, après ça, tu entres dans le vestiaire, et c’est intimidant, les plaques, les figures des gars qui sont au Temple de la renommée… »

Son souci n’était pas de devenir le meilleur gardien de but ou d’être intronisé au Temple de la renommée, loin de là. « Tu te promènes et ta

seule et unique réaction, c’est de te dire : j’aimerais ça survivre dans ce monde-là, juste être capable de tirer mon épingle du jeu. »

Le jeune homme a mis du temps à réaliser ce qui se passait. Il n’avait à peu près pas voyagé.

« Un jour, j’étais là, dans l’avion, on s’en allait à Calgary, et je me disais : on est loin de JH Leclerc (son école secondaire à Granby), de moi dans ma classe, à me préparer pour aller à ma pratique. »

Il flottait, mais en même temps, il savait qu’il devait performer. « T’en joues deux mauvaises et t’es fait. Je vais te dire une affaire, t’as pas le temps de t’enfler la tête. »

EXIGEANT ET INTENSE

Ce souci de performanc­e représente certaineme­nt le trait dominant de sa personnali­té, avec tout ce qui vient avec. Il est exigeant envers lui-même et très intense. Il préfère d’ailleurs ce dernier adjectif à « bouillant », qu’ont utilisé plusieurs commentate­urs pour parler de son caractère au fil des années.

« Il y en a qui m’ont perçu comme une personne arrogante, mais je n’ai jamais méprisé les gens, au contraire. J’ai toujours été hyper respectueu­x des gens […] J’ai toujours fait attention aux gens qui m’entouraien­t. »

Il se définit davantage comme une personne très confiante, qui n’avait d’autre choix que de l’être.

« J’ai choisi malheureus­ement une position qui était la dernière avant la ligne des buts. Alors, si moi j’arrive à l’aréna et que j’ai la tête entre les deux jambes, il y en a 19 qui vont me regarder et se dire : on est dans la marde à soir. »

Ainsi le gardien sentait le besoin d’en mettre plus que ce qu’il ressentait vraiment en dedans. « C’était important pour moi, car j’avais un rôle de leader. »

Le goût de performer l’animait soir après soir. « C’était plus important pour moi que tout le reste », relate-t-il.

Là-dessus, il n’a d’ailleurs pas changé, il est toujours aussi exigeant envers lui-même. « Je le fais pour plusieurs raisons, mais les deux principale­s, c’est pour les joueurs et pour nos partisans. Il y a des gens qui se déplacent soir après soir pour venir encourager notre équipe, explique-t-il, alors ils méritent d’avoir mon respect. Ma façon d’exprimer mon respect, c’est d’être exigeant et d’être prêt chaque fois que je viens à l’aréna. »

À lire : la nouvelle vie de Patrick Roy en photos ( 104 à 109 ) et notre cahier spécial sur les Remparts

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Le Journal A eu un ACCÈS exclusif À Patrick Roy durant près d’une semaine, Avant le début de la saison. Un photorepor­tage À ne pas manquer.
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PHOTO STEVENS LEBLANC Ses performanc­es comme gardien de but, Patrick Roy les attribue beaucoup à la qualité de son entourage, qui a su l’encadrer de belle façon. Il pense notamment à ses parents, son agent, son entraîneur François Allaire, les autres joueurs et les membres de sa famille.

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