Le Journal de Quebec

Les mauvaises lunettes du PQ

- JOSEPH FACAL joseph.facal@quebecorme­dia.com

Les sondages semblent indiquer que le PQ aura du mal à faire mieux que le plus mauvais score de son histoire, soit 23 % du vote, en 1970, alors qu’il n’existait que depuis deux ans.

Pourquoi ? Parce que le PQ a laissé grandir, sur sa droite, une formation qui lui a volé une partie de son discours et de ses électeurs.

Pourquoi vouloir la souveraine­té ? Pour nous gouverner nousmêmes.

Pourquoi se gouverner soimême ? Parce que les Québécois ont une identité distincte qui vaut la peine d’être défendue.

Toutes les autres motivation­s du combat national sont secondaire­s.

Le PQ a laissé grandir, sur sa droite, une formation qui lui a volé une partie de son discours et de ses électeurs.

MAISON

Or, ce thème fondamenta­l du nationalis­me et de l’identité, le PQ l’a laissé en partie filer à la CAQ.

Je peux comprendre que la défaite référendai­re de 1995 ait démobilisé le camp nationalis­te.

Mais admettre que la souveraine­té était plus éloignée que prévue ne justifiait pas de se détourner des raisons fondamenta­les de la vouloir.

Aujourd’hui, malgré ses multiples maladresse­s, la CAQ est perçue par beaucoup, à tort ou à raison, comme un parti qui pourrait, lui aussi, défendre le Québec français.

Or, c’est le PQ qui a cédé un terrain qui lui appartenai­t pour que la CAQ y construise sa maison.

Le PQ ne peut prétendre avoir été pris par surprise.

Dès 2007, L’ADQ avait surfé sur le thème de l’identité, à l’occasion de la « crisette » des accommodem­ents raisonnabl­es, pour reléguer le PQ au 3e rang.

L’avertissem­ent venait d’être donné.

La CAQ vint ensuite s’installer sur les fondations posées par L’ADQ et poursuivit la constructi­on de la maison.

Pour l’essentiel, le PQ laissa faire. Il tenta brièvement de se réappropri­er la question identitair­e avec la charte des valeurs.

L’erreur ne fut pas le projet luimême, c’est d’avoir voulu l’instrument­aliser pour en faire un cheval de bataille lors de l’élection de 2014.

Après la défaite, le PQ acheta la lecture que ses adversaire­s firent de l’épisode.

Obsédé par la peur de passer pour raciste, le PQ s’enfonça dans l’erreur : il s’éloigna de la question de l’identité et du centre de la glace.

Pire, comme il avait laissé la CAQ s’installer sur sa droite, il choisit de s’en aller à gauche, devenant une sorte de NPD québécois.

L’arithmétiq­ue était pourtant claire : le PQ perdait plus de votes sur sa droite que sur sa gauche.

COINCÉ

Tout cela a correspond­u aussi à une transforma­tion interne du PQ. Les ténors plus conservate­urs de jadis – les Bouchard, Brassard, Garon, Léonard, etc. – n’eurent pas de successeur­s.

De surcroît, Québec solidaire s’était entre-temps installé du côté gauche de la clôture.

Aujourd’hui coincé, le PQ, qui n’a pas su demeurer une coalition large, récolte les fruits amers d’une mauvaise lecture et d’un mauvais positionne­ment qui ne datent pas d’hier.

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Jean-françois Lisée

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