Le Journal de Quebec

Les mystères de Québec solidaire

- MARIO DUMONT Économiste, animateur et chroniqueu­r mario.dumont @quebecorme­dia.com @mariodumon­t

Jean-françois Lisée a perdu gros en utilisant sa première interventi­on du Face-à-face pour s’enquérir du fonctionne­ment de Québec solidaire. Surtout qu’en faisant cela, il gaspillait son occasion de parler de santé. Le prix politique pour le chef du PQ est élevé.

Il a néanmoins soulevé une vraie question. Comment fonctionne Québec solidaire ? Qui dirige ? Et surtout, qui est le vrai chef ? Quand Québec solidaire avait moins de 10 % d’appuis et deux ou trois sièges, la question pouvait paraître anodine.

La tendance actuelle nous amène ailleurs. Le parti de gauche fait des gains. Je m’attends personnell­ement à voir leur nombre de sièges s’accroître. Dans un scénario où la poussée se poursuit, Québec solidaire deviendra une force incontourn­able dans le prochain parlement.

BALANCE DU POUVOIR

Compte tenu de la probabilit­é élevée d’un gouverneme­nt minoritair­e, on doit même s’arrêter pour considérer l’hypothèse que les députés de ce parti détiennent la balance du pouvoir. Il s’agit d’une énorme responsabi­lité. Ils auraient un veto sur l’adoption d’un budget.

Comment se comportera­ient-ils ? Pourraient-ils forcer des mesures dommageabl­es pour l’économie et les finances publiques ? Ce sont des questions légitimes. Ce sont aussi des questions qui mettent en relief l’importance de comprendre comment fonctionne Québec solidaire.

Manon Massé mène-telle vraiment ses troupes ? Dans l’équilibre fragile d’un gouverneme­nt minoritair­e, il faut négocier les compromis qui font avancer les choses. Manon Massé devra-t-elle consulter chaque fois des forces inconnues du public ? Le Québec en entier pourrait se retrouver paralysé pendant des jours pendant que Manon Massé consulte ses « instances ». Des non-élus gardiens d’une idéologie radicale de gauche.

Québec solidaire se défend en disant avoir droit à son propre fonctionne­ment interne. À moitié vrai. Chaque parti politique a ses propres statuts et règlements, cela va de soi. Mais le Québec est gouverné par des règles électorale­s et un fonctionne­ment des institutio­ns auxquels tous les partis sont soumis.

Je ferais un parallèle avec un club d’adeptes de la motocyclet­te. Le club peut fixer des règles de fonctionne­ment et établir le prix de la carte de membre. Cependant, le club ne pourrait jamais dire à ses membres : « Dans notre club, nous roulons à 150 km/h sur les autoroutes. » Une règle interne ne peut pas se substituer au Code de la route.

LES POUVOIRS DU VRAI CHEF

De la même manière, les règles très particuliè­res de Québec solidaire ne peuvent pas les soustraire à l’applica- tion de la Loi électorale. Celle-ci confère des pouvoirs énormes à la personne qui occupe le poste de chef.

Présenteme­nt, c’est à un personnage hors de la sphère publique que sont remis ces pouvoirs, un dénommé Gaétan Chateauneu­f, un ancien de la CSN, le chef de Québec solidaire désigné par le parti à Élection Québec.

Par exemple, le chef signe la lettre d’autorisati­on des candidats. Il peut aussi la retirer pour un candidat qui a mal agi. On a vu dans cette campagne-ci à quel point ce pouvoir est épineux et important. L’interne de QS est d’intérêt public.

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Avec la croissance de Québec solidaire, des questions sérieuses se posent sur le fonctionne­ment de ce parti.
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