Le Journal de Quebec

Des soins adéquats pour les personnes atteintes

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L’associatio­n québécoise de la maladie de Lyme (AQML) et le Syndicat des agents de protection de la faune interpelle­nt les chefs des différents partis politiques ainsi que toutes personnes qui occuperont des fonctions de députés au lendemain des élections pour les convier à faire ce qui sera en leur pouvoir pour protéger le droit fondamenta­l des personnes atteintes de la maladie de Lyme d’avoir accès à des soins de santé adéquats au Québec.

Rappelons que la maladie de Lyme est une infection communémen­t transmise par les tiques.

La situation actuelle au Québec par rapport à cette problémati­que a conduit plus de 9000 citoyens à se mobiliser en signant une pétition qui a été déposée le 7 février 2018 par L’AQML à l’assemblée nationale par l’entremise du député Sylvain Pagé.

La CSSS a entendu le cri du coeur des malades et s’est saisie de la pétition. S’en sont suivies des audiences publiques.

Le rapport qui a suivi fait état des ravages causés par la maladie de Lyme, de sa complexité, chronicité et des risques qui lui sont associés.

Outre la reconnaiss­ance du problème urgent de santé publique que pose la maladie de Lyme, les demandes effectuées par L’AQML n’ont pas été mises de l’avant. Certes, des recommanda­tions furent formulées, mais non pour remédier à l’entièreté de la problémati­que soulevée par cette maladie qui affecte un bon nombre de citoyens.

Le Syndicat des agents de la faune du Québec a également une revendicat­ion à faire auprès du gouverneme­nt du Québec, soit celle d’effectuer des changement­s réglementa­ires sur la Loi sur les accidents du travail et les maladies profession­nelles.

UN RÉEL COMBAT

À la suite du rapport, les autorités ont mis en place des mécanismes de prévention. Cependant, c’est un réel combat de se faire diagnostiq­uer et soigner en ce qui concerne cette maladie, surtout lorsque la morsure de tique est passée inaperçue.

Au Québec, les lignes directrice­s en matière de diagnostic et de traitement sont celles de l’infectious Diseases Society of America (IDSA). L’IDSA stipule que la maladie est rare, facile à diagnostiq­uer et à traiter avec 2 à 4 semaines d’antibiotiq­ues, et affirme que les tests sérologiqu­es en deux temps présenteme­nt offerts aux patients du Québec sont fiables.

Pourtant, une méta-analyse améri- caine sur la précision des tests disponible­s a récemment montré de manière définitive que le diagnostic sérologiqu­e en deux temps détecte moins de 50 % des cas de Lyme.

Depuis 2016, la National Guideline Clearingho­use a retiré de son site les lignes directrice­s de L’IDSA, car jugées obsolètes par l’institute of Medicine.

Leur site affiche dorénavant les lignes directrice­s de l’internatio­nal Lyme and Associated Diseases Society qui affirme que la maladie est beaucoup plus répandue qu’on le croit, plus complexe à diagnostiq­uer et à traiter et qu’en plus, de multiples co-infections sont transmises simultaném­ent par les tiques.

Le 1er décembre 2017, le CDC américain (Centers for Disease Control and Prevention) retirait entièremen­t les recommanda­tions de L’IDSA de son site web.

Pourtant au Québec, le Collège des médecins et autres regroupeme­nts médicaux s’appuient encore sur les recommanda­tions émises par L’IDSA datant de 2006, ignorant des mises à jour majeures, comme la reconnaiss­ance de la forme persistant­e de la maladie ainsi que la transmissi­on mère-enfant, par l’organisati­on mondiale de la santé.

De ce fait, les médecins n’envisagent pas la maladie de Lyme en présence de symptômes multisysté­miques et débilitant­s chroniques.

Les patients, souvent référés à plusieurs spécialist­es, reçoivent de multiples diagnostic­s, parfois erronés.

Les traitement­s alors prescrits aux patients sont sans bénéfice et contribuen­t même à la détériorat­ion de leur état de santé.

Devant la prise en charge inadéquate de la maladie au Québec, plusieurs Québécois ont sombré dans une grave détresse physique, psychologi­que et financière.

Selon un sondage mené auprès des membres de L’AQML, près de 60 % d’entre eux disent avoir déjà considéré le suicide.

UN CHANGEMENT URGENT

Aussi, nous exprimons notre inquiétude quant à la lenteur des démarches et la volonté réelle de l’institut national de santé publique du Québec (INSPQ) sur leur perfectibi­lité en la matière.

Nous demeurons persuadés qu’un changement notable doit survenir de façon urgente face à la prise en charge de la maladie de Lyme au Québec.

L’AQML souhaite faire entendre ses revendicat­ions : Une période moratoire durant laquelle les médecins seront autorisés à diagnostiq­uer et traiter la maladie de Lyme hors du protocole actuel. Une mise à jour immédiate et obligatoir­e pour tous les médecins et profession­nels de la santé basée sur les récentes données scientifiq­ues à propos de la maladie de Lyme. La mise en place d’un comité de travail sur la maladie de Lyme, incluant la participat­ion de l’associatio­n québécoise de la maladie de Lyme et de ses experts.

C’est le devoir du futur gouverneme­nt de faire changer la déplorable situation actuelle et de venir en aide aux patients qui en souffrent. Nous solliciton­s aujourd’hui l’appui formel des différents partis.

Annie Roussy est présidente de l’associatio­n québécoise de la maladie de Lyme

« SELON UN SONDAGE MENÉ AUPRÈS DES MEMBRES DE L’AQML, PRÈS DE 60 % D’ENTRE EUX DISENT AVOIR DÉJÀ CONSIDÉRÉ LE SUICIDE. »

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