Élections : où sont passées les équipes ?
Politologue, consultante internationale et conférencière
Depuis le début de cette campagne électorale, les projecteurs sont braqués presque exclusivement sur les chefs. Or, c’est d’abord et avant tout un candidat ou une candidate que l’on choisit pour nous représenter. DE L’IMPORTANCE DES CANDIDATS
Si traditionnellement les électeurs votaient pour un parti, par loyauté, plusieurs tendances se dessinent parmi ceux et celles qui se laissent séduire soit par des programmes, soit par un enjeu particulier.
D’autres électeurs préfèrent accorder leur confiance à une personne qu’ils estiment la plus apte à les représenter, indépendamment de son allégeance politique.
Dans des luttes très serrées qui se jouent à trois ou quatre dans des circonscriptions ciblées, le candidat, s’il est très présent sur le terrain, peut faire la différence entre une victoire ou une défaite pour son parti.
En définitive, c’est aux candidats que les électeurs confèrent la légitimité de les représenter. Une fois élus, ils exerceront le pouvoir législatif, tous partis politiques confondus.
L’assemblée nationale se nomme d’ailleurs ainsi parce qu’elle est l’assemblée des députés. C’est dire l’importance de ces vaillants soldats qui restent dans l’ombre durant la campagne électorale.
Il arrive aussi qu’un parti cache l’un de ses candidats, trop encombrant, comme c’est le cas pour Gaétan Barrette qui a disparu de la circulation après avoir occupé les devants de la scène pendant quatre ans.
L’une des critiques que l’on fait à certains politiciens, c’est d’être déconnectés de la réalité. M. Couillard nous en a donné une autre preuve il y a deux jours, en affirmant qu’une famille d’un adulte et deux adolescents pouvait s’alimenter avec 75 $ par semaine.
Mais une campagne électorale, c’est aussi une occasion pour les partis qui se réclament du changement de mettre de l’avant leurs équipes de candidats, en leur offrant des occasions pour se faire connaître, rehausser leur visibilité et leur notoriété.
L’ÉQUIPE : UN VECTEUR DE CHANGEMENT
Nul doute que le retour à la CAQ d’un candidat du calibre de Christian Dubé renforce sa crédibilité. Mais il faut aussi mettre en lumière tous les talents que ce parti a réussi à rassembler, dans toutes les régions du Québec, s’il veut incarner le changement.
Tout parti politique qui se veut porteur de changement doit en faire la démonstration, et quoi de mieux qu’une équipe aguerrie et renouvelée pour en faire la preuve.
Cela est particulièrement vrai dans le cas des candidates recrutées par tous les partis dans un effort de parité hommes-femmes.
Or, de nombreuses candidates, au profil fort intéressant, n’ont pas encore été exposées dans l’arène politique. L’équipe est très attrayante sur papier, mais on ne l’a pas suffisamment vue ni entendue.
Or, ces nouvelles recrues de tous les partis apportent à la politique des compétences et des expériences dans les domaines les plus variés, notamment la santé, l’éducation, l’environnement, la culture, le développement durable, l’entrepreneuriat local et régional, la foresterie, etc.
Je pense à une candidate libérale comme Paule Robitaille (Bourassa-sauvé), avocate, ancienne journaliste et commissaire à la Commission de l’immigration et du statut de réfugié. Marwah Rizqy (Saint-laurent), fiscaliste qui aurait pu être une candidate vedette, a malheureusement été brûlée dès sa première sortie publique en service commandé contre François Legault.
Du côté du Parti québécois, si Véronique Hivon est sur toutes les tribunes, les autres candidates ne sont pas très visibles.
À Québec solidaire, en plus de Manon Massé (Sainte-marie-saintJacques) qui a impressionné lors du dernier débat des chefs, Ruba Gahzal (Mercier) qui a déjà tenté sa chance, à deux reprises, sans succès, pourrait faire son entrée à l’assemblée nationale. Quant à Catherine Dorion (Taschereau), les pronostics demeurent encore incertains.
Il faut aussi surveiller certains tiers partis dont on n’a pas entendu parler, mais qui dans des circonscriptions particulières pourraient brouiller les cartes.
Mais le défi de cette campagne électorale risque de venir des électeurs cyniques qui choisiront de s’abstenir de voter pour exprimer leur rasle-bol. L’abstention serait alors le cinquième adversaire.