Le Journal de Quebec

Maîtres chez nous avec la Caisse

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À la suite de la nationalis­ation de l’électricit­é en 1963, c’est dans la foulée de son mot d’ordre « Maîtres chez nous » que le premier ministre Jean Lesage poursuivai­t son objectif de reconquête économique en créant en 1965 la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Pour rester assurément « maîtres chez nous », le prochain gouverneme­nt devrait maintenant forcer la Caisse de dépôt et placement du Québec à mieux défendre nos fleurons contre les sociétés étrangères qui souhaitent les acquérir. Pour ce faire, il faut élargir le mandat de la Caisse en ajoutant un article spécifique sur la protection des sièges sociaux québécois.

Il en va de la survie de nos meilleures entreprise­s du Québec inc.

Actuelleme­nt, on ne peut absolument pas compter sur la Caisse lorsqu’un prédateur étranger tente de mettre le grappin sur une de nos importante­s entreprise­s québécoise­s. La Caisse est totalement libre de faire ce qu’elle veut.

VENTE FACILITÉE

À preuve, c’est le président de la Caisse lui-même, Michael Sabia, qui a facilité en 2016 la vente de RONA à la société américaine Lowe’s. Avant de déposer son offre de 3,2 milliards, la haute direction de Lowe’s voulait obtenir au préalable l’aval (et l’engagement) de la Caisse pour qu’elle cède son important bloc d’actions. Et Sabia l’a accordé, tout en appuyant ouvertemen­t l’offre de Lowe’s.

Dans le dossier de CAMSO, c’est également la Caisse qui détenait le plus gros bloc d’actions. Et elle l’a volontaire­ment cédé. Si la Caisse avait refusé de le céder, la multinatio­nale française Michelin aurait rebroussé chemin dans sa tentative d’acheter CAMSO. C’est d’autant plus plausible que les deux autres importants actionnair­es de CAMSO, le Fonds de solidarité FTQ et Desjardins Capital, auraient imité la Caisse.

Et pour vous montrer à quel point la Caisse peut manquer de sensibilit­é québécoise, je vous rappelle qu’elle a préféré, pour son REM qu’on finance entièremen­t avec nos épargnes et nos impôts, y faire rouler des trains indiens d’alstom au détriment des trains québécois fabriqués à l’usine Bombardier de La Pocatière.

Cette gaffe de la Caisse a d’ailleurs forcé le premier ministre Philippe Couillard à devancer le renouvelle- ment de la flotte de trains du métro de Montréal en accordant un contrat de plusieurs centaines de millions à l’usine de La Pocatière.

UN FONDS DE DÉFENSE

Pour mieux protéger nos sièges sociaux contre les offres d’achat hostiles des sociétés étrangères, le gouverneme­nt du Québec pourrait obliger la Caisse à mettre sur pied un fonds spécial de défense.

Lors de la campagne électorale de 2012 qu’elle avait remportée, l’ex-première ministre Pauline Marois avait proposé la création au sein de la Caisse d’un fonds spécial de 10 milliards de dollars pour protéger nos sièges sociaux contre les offres d’achat des sociétés étrangères.

Son idée est restée sur les tablettes, faute de temps entre son élection à la tête d’un gouverneme­nt minoritair­e à l’automne 2012 et sa défaite en avril 2014 aux mains de Philippe Couillard.

Dommage ! Si un tel fonds avait vu le jour, peut-être que RONA ne serait pas tombée dans le giron de la société américaine Lowe’s et que Camso de Sherbrooke ne serait pas devenue une filiale de la multinatio­nale française Michelin.

Mais cela reste bien théorique. Cela dit, je persiste à croire que la mise sur pied d’un tel fonds a encore sa place aujourd’hui. Et le parti qui remportera la victoire le 1er octobre prochain devrait s’inspirer de cette bonne idée pour créer un fonds semblable.

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AGENCE QMI Michael Sabia, le grand patron de la Caisse lors de la présentati­on des résultats.
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