LES CAS DOMTAR ET ST-HUBERT
Tout autant que la vente d’entreprises, le déménagement des fonctions stratégiques d’une société vers un autre centre peut être néfaste pour le Québec, même si cette opération crée bien moins de remous.
Bell, la Banque de Montréal, Domtar… ces trois entreprises québécoises ont en commun d’avoir déménagé peu à peu leur centre décisionnel vers d’autres cieux. D’autres comme St-hubert ont été vendues, mais ont conservé des centres décisionnels au Québec.
Domtar aime prétendre que le Québec constitue toujours l’un de ses deux sièges sociaux. Mais cette affirmation ne survit plus à l’épreuve des faits.
SIÈGE SOCIAL DE FAÇADE
En 2007, la société s’est inscrite dans l’état du Delaware. Son siège social demeurait alors à Montréal. Mais, en 2015, le PDG John D. Williams et deux autres hauts dirigeants ont quitté Montréal pour l’« autre » centre décisionnel de Domtar, à Fort Mill en Caroline du Sud.
Il ne reste plus que deux vices-présidents au Québec, Daniel Buron (finances) et Patrick Loulou (développement des affaires). Et les réunions du conseil d’administration n’auraient lieu qu’une fois par an au Québec.
« Quand les décisions se prennent au Québec, ça se prend dans le respect des intérêts du Québec. Ça crée des emplois de qualité, des postes recherchés. Quand le président ou les V.-P. sont ailleurs, on perd ces personnes et ceux qui travaillent pour eux. On perd une certaine expertise », dit Robert Dutton, qui fut PDG de RONA pendant 20 ans.
ST-HUBERT, UN EXEMPLE
Quant à St-hubert, désormais une filiale de l’ontarienne Recipe (autrefois Cara), elle a conservé son centre décisionnel ici, en plus de gagner certaines nouvelles responsabilités.
Par exemple, elle est désormais chargée d’administrer la vente au détail pour les produits vendus en épicerie d’autres marques de Recipe comme Chalet Suisse et Montana’s, et assure l’expansion des restaurants Harvey’s au Québec.
Elle a toujours le même PDG (Pierre Rivard), qui se rapporte maintenant à la haute direction de Recipe. St-hubert n’a toutefois plus son propre conseil d’administration.
Tous les membres de l’équipe de direction de St-hubert vivent et travaillent encore au Québec. Et les centres décisionnels de Laval (restauration) et Boisbriand (détails) n’ont connu aucune perte de personnel depuis l’acquisition, selon la porte-parole Josée Vaillancourt.