Le Journal de Quebec

Un album et un clip posthumes de Prince

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AFP | Une voix sensuelle, un pied qui bat la mesure, des accords délicats au piano, un souffle qui respire déjà le génie : en neuf pistes inédites, Piano & A Microphone, disponible hier, fait revivre avec émotion le Prince intimiste d’avant Purple Rain.

Une semaine avant sa mort, à 57 ans, le 21 avril 2016, Prince donna à Atlanta son tout dernier concert, dans le cadre du Piano & A Microphone Tour, une tournée durant laquelle il se produisait seul, au piano. « Je le fais pour me mettre au défi, je ne saurai pas quelles chansons je vais faire quand je monterai sur scène, parce que je n’aurai pas de groupe », avait-il notamment déclaré dans une interview en décembre 2015.

BANDES INÉDITES

C’est également ce Prince rare et émouvant que nous fait redécouvri­r ce disque enregistré en 1983 au home studio Kiowa Trail que possédait l’artiste, alors âgé de 25 ans, à Chanhassen dans le Minnesota. Là où il fera construire plus tard son fameux complexe de Paisley Park.

« Ce n’est pas un album inédit, ce sont des bandes inédites », nuance Frédéric Goaty, auteur de Prince, le dictionnai­re.

« Il n’avait pas pensé cette suite de morceaux comme un album. Ce qui est fascinant, c’est qu’on ne sait pas pourquoi ni pour qui il l’a enregistré­e. Il était seul dans son studio avec un ingénieur du son, Don Batts, derrière la vitre. On ne sait pas non plus précisémen­t quand ces morceaux ont été enregistré­s. Ce qui confère quelque chose de mystérieux à cette bande magnifique, qui, disons-le, circulait depuis 25, 30 ans sous le manteau, de manière illégale », poursuit ce spécialist­e, également directeur de la rédaction de Jazz magazine.

PRÉMICES DE PURPLE RAIN

Certains des neuf titres chantés sont connus, car sortis ultérieure­ment sous d’autres versions.

Mais entendre l’ébauche du futur hit Purple Rain, tout en fragilité et sans artifice, fait son petit effet. Tout comme 17 days (qui sera la face B du single When Doves Cry), sur lequel on entend Prince demander à Don Batts : « Est-ce bien mon écho ? », saisissant instant de vie immortalis­é sur bande.

« Il chante aussi un spiritual Mary Don’t You Weep qui est bouleversa­nt et qu’on entend d’ailleurs dans le générique de fin du dernier film de Spike Lee Blackkklan­sman.

Encore plus fascinant, il chante des titres que personne ne connaissai­t et qu’il ne chantera plus jamais par la suite ou dont on ne connaît pas encore les versions définitive­s », décrypte encore le spécialist­e Frédéric Goaty, soulignant que « le son a été amélioré ».

UN GÉNIE

Fils du pianiste jazz John L. Nelson et de la chanteuse Mattie Shaw, Prince a appris seul le piano à sept ans, avant de prendre des cours à la faculté Bryant Junior High.

Il confia ne pas savoir lire la musique et s’appuyer juste sur son oreille. Et le saxophonis­te Maceo Parker, également présent, d’interrompr­e : « Un génie, comme je l’ai dit. »

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Lancé jeudi, le clip poignant pour Mary Don’t You Weep de Prince pointe du doigt les violences liées aux armes à feu aux ÉtatsUnis. En mortaise, la pochette de l’album Piano & A Microphone lancé hier.

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