Le Journal de Quebec

LE TOURISME PREND VIE GRÂCE À INSTAGRAM

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AFP | Faire du tourisme au Nigéria, ça se mérite. Il vous faudra 8 heures de bus pour parcourir 250 km sur une route parsemée de trous et d’obstacles, savoir négocier finement avec des agents de police véreux, et grimper 620 marches dans la chaleur moite des tropiques.

Mais la récompense n’en sera que plus grande : un égoportrai­t depuis les collines somptueuse­s d’idanre, dans le pays Yoruba, au sud-ouest du Nigéria.

Les collines s’étendent à perte de vue, au milieu d’arbres hauts de plusieurs dizaines de mètres, pendant qu’un léger brouillard s’échappe d’entre les rochers, dans un décor digne de Jurassic Park.

Chiamaka Obuekwe, n’avait jamais pensé à fonder une agence de voyages, mais en publiant ses photos de voyage sur son blogue, puis sur le réseau social Instagram, ses followers lui ont demandé s’ils pouvaient l’accompagne­r.

Depuis sa création en 2015, Social Prefect Tours est devenu une institutio­n pour la jeunesse active et branchée de Lagos, la capitale économique du Nigéria. Sa page Instagram compte aujourd’hui plus de 40 000 abonnés, qui rêvent de poster leur précieux hashtag aux quatre coins du pays.

TOURISME PEU DÉVELOPPÉ

Il ne reste que quelques rares animaux sauvages dans les réserves, les hôtels ne répondent pas aux standards internatio­naux, les points d’intérêt touristiqu­e sont souvent inaccessib­les faute d’infrastruc­tures, et des régions entières sont dévastées par la pollution ou les conflits.

Pourtant le Nigéria, pays le plus peuplé d’afrique (180 millions d’habitants) et grand comme environ deux fois l’espagne, recèle de véritables trésors cachés.

« Les montagnes d’ogudu, à la frontière avec le Cameroun, sont d’une beauté à couper le souffle », confie, enthousias­te, Lola Daniyan. À 28 ans, la jeune femme est à la tête d’unravellin­g Nigeria, l’une de ces agences de voyages qui explosent sur les réseaux sociaux.

L’idée de fonder une agence de voyages est venue à Lola Daniyan lors d’un voyage en famille à Londres, où elle a vu des centaines de personnes se ruer devant le palais de Buckingham.

« Je me suis dit que nous avions aussi beaucoup de palais royaux au Nigéria, mais que nous n’en connaissio­ns quasiment aucun », relate-t-elle.

« On pense toujours qu’il n’y a que trois ethnies au Nigéria, igbo, yorouba et haoussa », alors qu’il y en a plus de 500 ; « en fait, on ne connaît pas, poursuit la jeune femme. On ne sait rien du nord, on ne sait pas comment ils vivent. Voyager, ça casse les stéréotype­s ».

SOIF DE DÉCOUVERTE­S

C’est en partant du même constat que Georgina Duke et Emeka Okocha ont aussi décidé de partir à la découverte de leur pays, après avoir passé une grande partie de leur enfance et de leurs études à l’étranger.

Ils ont pris la route, n’écoutant personne d’autre qu’eux-mêmes et leur instinct, et ont fondé Nothing to Do Go, une plateforme Instagram qui recense les excursions en groupe dans tout le pays et donne des conseils pour les aventurier­s solitaires.

« Nous sommes nigérians, c’est chez nous. Nous voulons que ce territoire nous appartienn­e et voyager, c’est une manière de combattre les fractures sociales », explique Emeka Okocha, jeune entreprene­ur de 32 ans.

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En montant les collines d’idanre, dans le pays Yoruba, au sud-ouest du Nigéria
 ??  ?? Les collines d’idanre, dans le sud-ouest du Nigéria, offrent une toile de fond idéale pour les égoportrai­ts.
Les collines d’idanre, dans le sud-ouest du Nigéria, offrent une toile de fond idéale pour les égoportrai­ts.

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