Le Journal de Quebec

Les épouvantai­ls de M. Couillard

- ANTOINE ROBITAILLE SUR LA ROUTE ÉLECTORALE antoine.robitaille @quebecorme­dia.com

Je sais bien que pour être convaincan­t, un politicien doit croire à sa propre rhétorique. Mais il y a des limites.

Hier, un peu plus et Philippe Couillard se déguisait en superhéros – genre « Capitaine région » – pour faire croire qu’il a le sort des régions à coeur.

Il a donc annoncé, les sourcils froncés, qu’il bloquera la réforme du mode de scrutin que les trois partis d’opposition, le 9 mai 2018, se sont solennelle­ment engagés à mener, peu importe le résultat de l’élection générale.

ARGUMENT DE LA PEUR

Dans une entrevue au Devoir hier matin, le chef libéral a même évoqué la nécessité qu’un référendum soit tenu sur une éventuelle réforme. Il s’est dédit plus tard.

Sa motivation est avant tout électorali­ste : le PLQ a du mal à charmer les régions.

L’ennui avec la rhétorique de M. Couillard est que la réforme projetée par le PQ, QS et la CAQ est la « représenta­tion proportion­nelle mixte compensato­ire régionale ». Vous avez bien lu : « régionale ».

Les détails de la réforme ne sont pas arrêtés. Il faudra des consultati­ons, une commission, un projet de loi, etc. M. Couillard préfère agiter des épouvantai­ls.

PROMESSE MORT-NÉE ?

Nul besoin d’avoir peur pourtant… la promesse formelle de réformer le mode de scrutin a toujours été abandonnée. Par René Lévesque en 1984. Par Justin Trudeau en 2015, au palier fédéral.

Dans le passé, le PLQ s’est engagé à effectuer un tel changement quand il a cru que cela pourrait l’avantager. Après les élections de 1966 et 1998, scrutins au terme desquels il avait gagné le vote populaire, mais avait eu moins de sièges à l’assemblée nationale.

En 2003, le gouverneme­nt Charest, dans lequel M. Couillard était un membre éminent, avait été élu avec l’engagement de réformer le mode de scrutin. Ce qu’il ne fit jamais. Responsabl­e de la réforme à l’époque, l’ex-ministre Benoît Pelletier, a soutenu hier que les régions n’avaient rien à craindre d’une éventuelle réforme.

Le refus obstiné de M. Couillard est aujourd’hui trop théâtral et intéressé pour être pris au sérieux.

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