Le Journal de Quebec

Trois ans pour un face-à-face mortel

L’accusée s’est excusée auprès des proches de la victime

- MICHAËL NGUYEN ROBERT ALBERT Décédé

Une jeune femme qui a causé un face-à-face mortel sur le pont de l’île Bizard en conduisant trop vite et trop saoule devrait écoper de trois ans de pénitencie­r, même si cela n’atténuera pas la douleur des proches de la victime.

« Notre famille a perdu un de ses piliers les plus forts, le deuil est dur, la peine et la douleur demeurent vives », a témoigné avec émotion le neveu de Robert Albert, hier, au palais de justice de Montréal.

En mars 2017, M. Albert, 60 ans, se rendait manger au restaurant lorsqu’une voiture fonçant à toute allure et à contresens est arrivée face à lui, causant une collision fatale.

La conductric­e de 26 ans, Marie-michèle Benjamin, roulait deux fois trop vite avec plus du double de la limite d’alcool. Elle a depuis plaidé coupable de conduite dangereuse causant la mort.

« Un homme de qualité est décédé ; une femme de qualité au début de sa vie va prendre le chemin du pénitencie­r. Quel gâchis, la vie de deux familles a basculé », a déclaré l’avocat de la défense Pierre Joyal.

Lors des audiences d’hier, les proches de M. Albert lui ont rendu un vibrant hommage, insistant sur sa bonté et sa générosité.

« Mon père est irremplaça­ble ; le jour où il est parti, mon monde s’est écroulé », a dit sa fille Mylène. Son autre fille a rappelé à quel point il soutenait sa famille et à quel point le décès a laissé la place au vide.

REGRETS

Benjamin a présenté de profonds regrets, sans chercher à diminuer sa responsabi­lité. La jeune femme sans antécédent­s criminels et qui vient d’obtenir un diplôme universita­ire, espère que son cas sensibilis­era ceux qui seraient tentés de conduire saouls.

« J’ai commis des gestes dont les répercussi­ons sont irréparabl­es », a-t-elle dit.

Lors des plaidoirie­s, son avocat a d’ailleurs lancé une charge envers le gouverneme­nt, l’enjoignant à forcer l’installati­on d’antidémarr­eur éthylométr­ique dans tous les véhicules pour enrayer le fléau de l’alcool au volant.

L’avocat de la défense et la procureure Anik Archambaul­t ont suggéré une sentence de trois ans de pénitencie­r et une interdicti­on de conduire de six ans. La juge Karine Giguère rendra sa décision le mois prochain.

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PHOTO D’ARCHIVES, CHANTAL POIRIER Marie-michèle Benjamin [au centre], entourée de ses proches et de son avocat Pierre Joyal, avait la mine basse lors de son passage à la cour, en août dernier.
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