La fin des sondages ?
Les sondeurs ont une solide réflexion à faire et ils le savent. Mais le silence qui enrobe cette réalité ne m’étonne pas. Firmes de sondages et entreprises de presse marchent main dans la main depuis qu’on a compris que les sondages d’opinion attirent l’attention du public. Avec raison. Quand je dirigeais des magazines, combien de fois ai-je entendu, et même dit : « Si tu n’as pas de sujet de couverture ce mois-ci, fais un sondage. » Sur le sexe, préférablement…
Les sondages électoraux sont essentiels à la démocratie. Les interdire serait catastrophique. Imaginons un instant que seuls des intérêts occultes auraient le droit de sonder dans le secret la population sur ses intentions de vote dans le but d’orienter la prise de décision en affaires. Manipuler un titre boursier, par exemple.
REMISE EN QUESTION
La prêtresse des sondages au Québec, la sociologue de l’université de Montréal Claire Durand, rappelle dans son blogue que ce n’est pas la première fois qu’il y a un écart historique entre les sondages et le vote populaire au Canada. C’est arrivé en Colombie-britannique en 2013 et en Alberta en 2012.
Elle remet tout en question, sauf sonder : la compréhension des comportements de l’électorat, la représentativité sociopolitique des échantillons, l’impact des sondages par téléphone automatisés sur la répartition des indécis – cette fois nombreux.
J’ai aussi été frappée par le nombre de reportages, d’articles et de chroniques portant sur les résultats de sondages. J’ai eu l’impression – et j’en suis – que nous parlions plus de cela que des programmes des partis. C’est ce que j’appelle du journalisme spéculatif.
Cette élection en démontre les dangers : nous avons dépensé beaucoup d’encre à commenter des résultats plus qu’approximatifs.
Nous avons, nous les médias, une réflexion à faire au sujet de la couverture des sondages électoraux.