Le PLQ derrière QS dans 43 comtés
Un politologue estime que la formation que dirigeait Philippe Couillard est un tiers parti chez les francophones
Le Parti libéral est devenu un « tiers parti » chez les francophones et a terminé derrière Québec solidaire dans 43 circonscriptions lors de l’élection historique de lundi.
« Ça en dit long. Québec solidaire est un parti émergent qui avait, avant la campagne électorale, autour de 8 % d’appuis. De se retrouver derrière eux dans un si grand nombre de comtés, ça en dit long », dit Jean-herman Guay, politologue et professeur à l’université de Sherbrooke.
Le PLQ a subi l’une de ses pires dégelées électorales de ses 150 ans d’histoire. Il a disparu de l’abitibi, de la Mauricie, de l’estrie et des Laurentides. Il ne lui reste que 3 circonscriptions sur 22 en Montérégie. À Québec, il n’a qu’un seul représentant.
Mais le petit nombre de députés ne dit pas tout. Le recul des appuis du PLQ dans les comtés où il a perdu est frappant.
GLISSADE
Il a terminé bon quatrième à 33 reprises. Dans Rouyn-noranda-témiscamingue, le ministre sortant de la Faune, Luc Blanchette, a subi ce triste sort.
« C’est un tiers parti dans les comtés francophones », note le politologue Éric Montigny, professeur à l’université Laval. Les données compilées par Le Journal sont selon lui « frappantes et parlantes ».
Jean-herman Guay en rajoute. « Chez les francophones, c’est relativement clair qu’ils sont un tiers parti. C’est un désastre », dit-il.
À 16 reprises, le PLQ a fini troisième. Dans Granby, Arthabaska ou Drummond-bois-francs, c’est QS qui a terminé sur la deuxième marche du podium.
Cette mauvaise performance aura des conséquences financières. Dans 39 comtés, les libéraux n’ont « pas fait leur dépôt », c’est-à-dire qu’ils ont récolté moins de 15 % d’appuis.
Ils n’auront pas droit à un remboursement de 50 % de leurs dépenses électorales.
FIN DE LA QUESTION RÉFÉRENDAIRE
C’est sans compter le financement étatique, basé sur le nombre de votes reçus. Entre 2014 et 2018, le PLQ a perdu près de 800000 voix.
« Le calcul préliminaire, c’est qu’ils vont perdre 1,6 M$ par année. Ils recevaient auparavant 3,9 M$ par année », dit le professeur Montigny.
Cet affaissement démontre, selon M. Montigny, que le PLQ est en « crise » et qu’il y a eu un réalignement. « C’est pas juste une question d’usure, il y a eu un changement structurel », note-t-il.
Par exemple, dans Papineau, une circonscription de l’outaouais rouge depuis 1981, le député libéral Alexandre Iracà a été écrasé par le caquiste Mathieu Lacombe, qui a obtenu une majorité de 8600 voix.
« C’est un éclatement du nivelage oui-non référendaire. Ce ne sont plus les mêmes lignes de fractures. Elles sont maintenant linguistiques, entre la gauche et la droite, entre le multiculturalisme et le nationalisme, par exemple », a-t-il dit.