Les impacts du réchauffement vont-ils plus vite que prévu ?
INCHEON, Corée du Sud | (AFP) Les impacts du dérèglement climatique arrivent-ils « plus vite que prévu » ? De l’élévation du niveau des océans à la montée des événements extrêmes, les bouleversements étaient annoncés depuis longtemps, soulignent les chercheurs, qui admettent cependant avoir pu parfois en sous-estimer l’ampleur.
À Incheon, le groupe des experts du climat de L’ONU (GIEC), réuni avec les gouvernements, s’apprête a publier lundi le dernier état des connaissances sur un réchauffement de 1,5 °C par rapport a l’ère préindustrielle.
« Les choses que les scientifiques avaient promises pour le futur sont en train de se produire », a dit Jennifer Morgan, la directrice de Greenpeace International. « On pensait avoir plus de temps, mais non. »
« Malheureusement tout, ou presque, était dit il y a 30 ans », souligne aussi Jean Jouzel, longtemps vice-président du GIEC, pionnier de la glaciologie. « Ce réchauffement marqué sur lequel se superpose une recrudescence d’événements extrêmes, c’est ce qu’on vit aujourd’hui ! »
« Il y a un côté assez triste de voir se dérouler dans le monde réel ce que la phy- sique du climat nous a appris depuis des années », ajoute la climatologue Valérie Masson Delmotte.
Le climatologue Jean-pascal van Ypersele cite le rapport « Une seule planète », préparé en 1972 pour la première conférence de L’ONU sur l’environnement humain, qui parlait d’« effets globaux et catastrophiques » d’une possible augmentation de 2 °C de la température du fait des émissions de CO2.
DEUX RAISONS
« Ceux qui ont sous-estimé la sévérité du changement climatique sont pour la plupart des dirigeants politiques, qui ont si peu agi pendant tant d’années », a indiqué le scientifique belge, qui y voit deux raisons : « le manque d’intérêt pour les questions de long terme, et les efforts des lobbies des industries des énergies fossiles pour instiller le doute dans les analyses sur le changement climatique ».
Les scientifiques admettent aussi avoir souvent penché du côté de la prudence.
Pour Michael Mann, de la Pennsylvania State University, « les modèles de projections ont été exagérément conservateurs, avec une tendance à sous-prévoir les impacts en cours, dont la perte de banquise en Arctique, de glace au Groenland ou en Antarctique Ouest, et donc la montée des mers en résultant ».