Le Journal de Quebec

Mystérieus­e disparitio­n du chef d’interpol

Récemment victimes de menaces, Meng Hongwei fait l’objet d’une enquête en Chine, selon un quotidien

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LYON | (AFP) Une enquête pour disparitio­n a été ouverte en France concernant Meng Hongwei, président chinois de l’organisati­on internatio­nale de coopératio­n policière Interpol, dont le siège mondial est à Lyon.

La France, par la voix du ministère de l’intérieur, a fait part hier de son « interrogat­ion » sur la situation de M. Meng, 64 ans, et s’est dite « préoccupée » par des menaces reçues parallèlem­ent par son épouse.

Jeudi soir, cette dernière a fait part à la police de Lyon, où le couple réside, de la disparitio­n « inquiétant­e » de son mari, précisant ne pas avoir de ses nouvelles depuis le 25 septembre. Quelques jours plus tôt, selon des sources concordant­es, il avait rejoint la Chine en avion depuis Stockholm.

« Mme Meng indiquait également avoir récemment reçu des menaces via les réseaux sociaux et par téléphone », a ajouté le ministère.

ARRÊTÉ ?

Le procureur de Lyon a alors ouvert une enquête, confiée à la police judiciaire, un dispositif étant également mis en place pour « garantir la sécurité » de Mme Meng.

« La France s’interroge sur la situation du président d’interpol et est préoccupée par les menaces dont son épouse a fait l’objet. Interrogée­s par le bureau de liaison d’interpol à Pékin, les autorités chinoises n’ont pour l’heure pas apporté de précisions. Les échanges avec les autorités chinoises se poursuiven­t », a déclaré le ministère de l’intérieur.

Selon le quotidien de Hong Kong en langue anglaise South China Morning Post, qui cite une source anonyme, Meng Hongwei fait l’objet d’une enquête dans son pays. Il a été « emmené » par les autorités « dès son atterrissa­ge » la semaine dernière, pour des motifs encore flous, affirmait hier le journal.

« Cette affaire concerne les autorités compétente­s en France et en Chine », a commenté Interpol dans un communiqué, soulignant que c’est l’allemand Jürgen Stock, son secrétaire général, et non Meng Hongwei, qui est chargé de la conduite de l’organisati­on au quotidien.

NOMINATION CRITIQUÉE

Meng Hongwei a été élu le 10 novembre 2016 président d’interpol, qui compte 192 pays membres, lors de sa 85e assemblée générale annuelle, à Bali, en remplaceme­nt de la Française Mireille Ballestraz­zi. Son mandat court jusqu’en 2020.

Vice-ministre chinois de la Sécurité publique, il dirigeait précédemme­nt le bureau national d’interpol en Chine. Poids lourd du Parti communiste chinois, il a travaillé comme policier dans la lutte contre le trafic de drogue et l’antiterror­isme, et il a dirigé les gardes-côtes chinois, selon sa biographie sur le site d’interpol.

Cette première nomination d’un Chinois à la tête d’interpol avait été critiquée par les organisati­ons de défense des droits de l’homme. La Chine a longtemps utilisé Interpol « pour arrêter des dissidents et des réfugiés à l’étranger », s’était inquiété Amnesty Internatio­nal.

La disparitio­n soudaine de hauts dignitaire­s chinois est devenue relativeme­nt courante sous la présidence de Xi Jinping.

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PHOTO AFP Meng Hongwei, le 4 juillet 2017 à l’ouverture du Congrès mondial d’interpol en Chine.

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