UN COACH DE HOCKEY SE VIDE LE COEUR
Jeunes payés pour chaque but Actes de vandalisme Parents harceleurs Arbitres et entraîneurs critiqués sans retenue
ALMA | Un entraîneur de hockey se vide le coeur et dénonce les parents qui font plus de tort que de bien à leur enfant en lui donnant notamment de l’argent lorsqu’il compte des buts.
Le coach Pascal Hudon entraîne des jeunes au hockey depuis plus de 20 ans, au Saguenay-lac-saint-jean.
Il est exaspéré de voir qu’encore, en 2018, les parents font de graves erreurs avec leurs enfants. Selon lui, la compétition malsaine s’installe lorsque des parents font de leur jeune un « enfant roi ».
« Certains parents croient encore que l’argent achète tout. Que s’ils donnent 10 $ à leur enfant lorsqu’il marque, celuici atteindra la Ligue Nationale. Ce n’est pas du tout comme ça que ça marche. Pour s’améliorer, ça prend du plaisir. Et avoir de la pression des parents n’apporte aucun plaisir », a dit celui qui entraîne les Jeannois du cégep d’alma.
Un seul des joueurs qu’a recrutés l’entraîneur depuis les deux dernières décennies a atteint la LNH, soit Yanni Gourde, du Lightning de Tampa Bay.
En ce début de saison de hockey mineur, l’almatois a encore été témoin de parents qui ont monnayé des buts à l’occasion de camps de hockey mineur auxquels il a assisté. « Ça existe encore en 2018. Je n’en reviens pas », a-t-il lancé.
Le coach Hudon préconise plutôt l’approche valorisante et le travail d’équipe. Il appelle les « dieux de village » les enfants qui ne pensent qu’à marquer, au détriment de leurs coéquipiers.
« Le but, c’est un bonus, c’est une récompense. Le jeune qui collectionne les buts au hockey mineur frappe un mur quand il atteint un calibre plus élevé, comme le AAA ou le collégial. L’estime de soi risque de prendre une débarque », dit-il.
GÉRANTS D’ESTRADE
Le phénomène des « gérants d’estrade » demeure omniprésent dans les arénas. « Certains ne connaissent pas le hockey. Ils croient avoir plus de compétences que nous, qui sommes derrière le banc depuis 20 ans. À long terme, c’est l’enfant qui écope », croit-il.
Pascal Hudon a été conseiller technique pendant deux ans pour l’association du hockey mineur de Chicoutimi. Selon lui, 90 % des problèmes étaient occasionnés par des parents mécontents.
« Il ne faut jamais oublier que les enfants vieillissent et se souviennent. Si un père se bat dans les estrades, le jeune va s’en rappeler encore à ses 16, 17 ou 18 ans, et il aura honte », dit-il.
QUAND L’ÉMOTION EMBARQUE
Aux dires du directeur de la réglementation chez Hockey Québec, Yves Dallaire, l’augmentation du niveau d’émotivité pendant un match cause parfois des situations qui dégénèrent.
« Des parents se fâchent lorsqu’ils jugent qu’un arbitre donne une mauvaise punition, d’autres critiquent le travail des entraîneurs, et certains ne sont pas contents si leur enfant n’est pas retenu dans la double lettre », cite en exemple M. Dallaire.
Les réseaux sociaux font de plus en plus mal aux organisations sportives, d’après Pascal Hudon. « Les gens sont gênés de venir nous parler. Ils se cachent derrière leur écran et ils pourrissent les réseaux sociaux pour régler leurs comptes ». Ce dernier estime qu’une bonne conversation « dans le blanc des yeux » est beaucoup plus gagnante.
EXPULSION
Il est rare qu’un parent soit expulsé d’un aréna en raison de son comportement. Depuis 2010, Hockey Québec a traité de deux à trois cas.
« Lorsque des problèmes litigieux surviennent, ce sont généralement les associations qui gèrent les situations localement », précise Yves Dallaire, directeur de la réglementation chez Hockey Québec.
Des procédures et outils sont d’ailleurs disponibles pour les parents et les ligues de hockey.