Les Arméniens pleurent encore Charles Aznavour
Le chanteur était « le visage » de leur pays, dit une fan
EREVAN | Cinq jours après le décès de Charles Aznavour, les Arméniens continuent à pleurer celui qui a incarné leur pays sur la scène internationale et leur a donné envie d’apprendre le français.
M. Aznavour devait être présent à Erevan lors du Sommet de la Francophonie, dont les activités commencent aujourd’hui dans la capitale arménienne. Le Sommet, qui dure deux jours, s’ouvre jeudi.
Un flot continu d’admirateurs d’aznavour, né en France de parents arméniens, se relayaient encore, hier, sur la place qui porte son nom. Plusieurs essuyaient des larmes en se recueillant, au son de sa musique, devant les gerbes de fleurs amoncelées.
LE MAÎTRE
Satenik Aleksanian parle de la mort du « grand homme » avec qui elle avait développé une relation personnelle à travers ses chansons. « C’est une grande douleur. Il manque quelque chose de beau dans ma vie », dit-elle au Journal.
Charles Aznavour est un « maître » dont les chansons lui ont fait découvrir la langue française. « Quand j’étais petite, j’écoutais ses chansons et j’aimais bien cette langue, et j’ai décidé de l’apprendre grâce à ses chansons. »
Max Sivaslian, un Français d’origine arménienne qui habite Erevan, croit que l’artiste était un pont entre la France et l’arménie. « Il incarnait à la fois la culture française et arménienne », dit-il.
Selon lui, le français progresse dans ce pays depuis dix ans. Il donne l’exemple de l’apparition d’un lycée technique et d’une université francophones. « Aznavour a fait un trait d’union assez fort », dit-il en parlant des liens de l’arménie avec la francophonie.
Selon Erik Margarian, Aznavour incarnait l’âme arménienne dans ses chansons, même en français. « Dans sa voix il était arménien, dans sa façon de chanter, même dans ses pauses entre les mots. »
Le chanteur a également fait beaucoup pour la reconnaissance du génocide commis contre le peuple arménien par les Turcs, au début du 20e siècle.
« Il a fait pour la cause arménienne autant que 25 ministères des Affaires étrangères. » « C’était un monument vivant. Là, il restera un monument éternel. »
UN VISAGE
Karine Oganesyan se souvient de l’aide qu’il a apportée à l’arménie quand le pays a été frappé par un tremblement de terre qui a fait 30 000 morts, en 1988.
Selon Mme Oganesyan, M. Aznavour a fait connaître l’arménie. « Le monde a connu l’arménie à travers son visage. Tout le monde en Arménie aime Charles Aznavour. »