Le Journal de Quebec

LOUISE DESCHÂTELE­TS

- louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Comment cicatriser un coeur meurtri ?

J’étais avec ma conjointe depuis presque 10 ans quand elle m’a annoncé qu’elle avait envie de changement, qu’elle ne m’aimait plus. Malgré une entente parfaite sur le plan des finances, des objectifs de vie, des loisirs et des amitiés, il semblerait que je ne réponde plus à ses attentes. Et, cerise sur le gâteau, son horloge biologique, qui avait toujours été silencieus­e, se réveille soudain à 38 ans.

Elle n’avait jamais voulu d’enfants, et comme moi j’en avais déjà trois d’une précédente union et que je m’étais fait faire une vasectomie quand je l’ai connue, ça avait clos le dossier entre nous. Jamais d’ailleurs elle n’était revenue sur le sujet. Et là, bang, d’un coup, elle souhaite un enfant à tout prix. Devant ce constat, je me suis empressé de lui dire que j’allais faire inverser ma vasectomie, ce qui a fait sortir le chat du sac, du moins en partie.

Elle ne souhaitait pas faire un enfant avec moi, parce qu’elle désirait que le sien, peut-être même les siens, aient un père aussi jeune qu’elle. Les 22 ans de différence entre nous deux, qui n’avaient jamais été un obstacle à notre vie commune, en devenaient soudain un de taille pour elle. À l’appui de sa décision, elle me citait sa famille qui avait au départ été réticente à ce qu’elle vienne vivre avec moi et surtout à ce qu’elle devienne la belle-mère de mes enfants.

Mais comme avec le temps j’avais réussi à apprivoise­r tout ce beau monde, je n’imaginais pas qu’ils allaient me tourner le dos à la première occasion. Et c’est là que l’autre part du chat est sorti du sac. Malgré ses dénégation­s, elle avait rencontré quelqu’un de son âge et leurs coeurs s’étaient mis à battre à l’unisson.

Quoi répondre à cela ? Comment me battre contre une jeunesse ? Elle me jure qu’il n’y a encore rien eu de sexuel entre eux, que ce garçon n’est pas vraiment libre, mais j’ai du mal à le croire. Je ne l’ai plus touchée par la suite, et même si elle a dormi dans notre lit commun pendant le mois qui a précédé son grand départ, on se comportait comme frère et soeur.

Pendant ce mois, il y a eu quelques pas de valse d’hésitation de sa part. Des moments qui m’ont redonné espoir de la reconquéri­r. Des moments où elle se disait malheureus­e de me faire autant de peine. Mais, finalement, elle est partie définitive­ment il y a six mois vivre dans son petit appartemen­t. Et depuis, plus rien. Silence radio !

Je me gardais une porte ouverte au cas où… mais j’ai appris dernièreme­nt par une de ses amies qu’elle emménagera­it prochainem­ent avec un collègue de travail, de son âge, et de qui elle attendait un enfant. Fin du roman, mais début de ma torture intérieure. Qu’ai-je fait de si mal pour en arriver là ? Pourrait-elle encore revenir ? Je serais même prêt à l’élever, cet enfant. Anonyme

Vous n’avez rien fait de mal. La vie est ainsi. L’amour naît et meurt sans qu’on sache trop pourquoi dans bien des cas. Elle vous a certaineme­nt aimé un bon moment, cette fille, mais ses sentiments ont changé. De plus, le réveil de l’horloge biologique chez une personne qui sent venir la fin de ses possibilit­és de procréer, ça peut être foudroyant.

Il faut vous faire à l’idée qu’elle ne reviendra pas. Malgré l’attachemen­t qu’elle a ressenti pour vous pendant tant d’années, il y en a un autre plus fort qui l’a appelée ailleurs. Il faut tuer cet espoir en vous qui ne fait que vous faire régresser. Cet enfant a un père et c’est à lui que revient la tâche de l’élever. Il est temps de revenir les deux pieds sur terre et de cesser de prendre vos rêves pour la réalité. Un homme bon comme vous semblez être va certaineme­nt trouver quelqu’un d’autre à aimer.

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