Le Journal de Quebec

Bonne fête PQ ?

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ mathieu.bock-cote @quebecorme­dia.com @mbockcote

Le 11 octobre 1968, commençait le congrès de fondation du Parti québécois. Il célèbre aujourd’hui ses cinquante ans, et pour le dire poliment, il ne les fête pas en très bon état.

Il n’en demeure pas moins nécessaire de revenir sur l’histoire de ce parti et sur ce que pourrait être son avenir.

GAUCHE

La grande figure du PQ, c’est René Lévesque. Tout le monde devrait le savoir, mais les jeunes génération­s s’imaginent que cet homme exceptionn­el est enfermé dans l’époque de la télé en noir et blanc. René Lévesque est pourtant l’homme qui a incarné le mieux notre désir d’affirmatio­n nationale. Dans un pays qui ne mépriserai­t pas son passé, il serait admiré.

Le PQ n’a pas inventé l’idée d’indépendan­ce, qui traverse notre histoire depuis plus de deux siècles. Au vingtième siècle, elle resurgit à la fin des années 1910. Elle apparaît dans notre vie politique au tout début de la Révolution tranquille, comme si les deux étaient indissocia­bles. Mais il faudra que le PQ s’en empare, en 1968, pour en faire l’idée centrale du débat public.

Surtout, le PQ s’est constitué à la manière d’une coalition. Il est né de l’union féconde entre le Mouvement souveraine­té-associatio­n de René Lévesque et du Ralliement national de Gilles Grégoire, un parti nationalis­te de droite. Catherine Fournier, la talentueus­e jeune députée de Marie-victorin, le rappelait dimanche soir à Tout le monde en parle, en disant que son parti rassemblai­t des souveraini­stes de gauche et de droite.

Hélas, le PQ n’a pas toujours été à la hauteur de ses idéaux. Le parti de coalition s’est souvent campé à gauche, comme s’il était d’abord progressis­te avant d’être souveraini­ste. Comme j’aime dire, il préférait perdre 100 votes à droite qu’un vote à gauche. Il s’est progressiv­ement fait larguer par les classes moyennes francophon­es. Dans bien des régions, il est désormais quatrième. Il devra de nouveau leur parler.

Depuis le dernier référendum, le PQ a aussi incarné le paradoxe d’un parti souveraini­ste mal à l’aise avec ce qu’on appelle aujourd’hui « l’identitair­e ». Le PQ a même flirté plus d’une fois avec le multicultu­ralisme à la Trudeau. À tout le moins, il était tétanisé par le politiquem­ent correct. Résultat : la CAQ a occupé à sa place ce créneau essentiel, ce qui a joué un grand rôle dans sa victoire. Le PQ peut-il renouer avec ce sujet ?

INDÉPENDAN­CE

Enfin, le PQ s’est montré bien inconstant dans la quête de l’indépendan­ce et traitait souvent son propre idéal comme un boulet. C’était, pour le dire poliment, terribleme­nt contre-productif. Sur le fond des choses, ce parti a échoué dans sa mission historique. Peut-il renaître ?

Coincé entre l’autonomism­e de centre-droit de la CAQ et la gauche radicale de QS, le PQ ne devra pas se replier dans un centrisme tiède, mais incarner un nationalis­me indépendan­tiste décomplexé, assumant pleinement l’identité québécoise, en remettant la question nationale à l’ordre du jour, tout en l’adaptant à notre époque.

 ??  ?? Historique­ment, le PQ a échoué.
Historique­ment, le PQ a échoué.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada