Le Journal de Quebec

Un coroner demande à la SQ d’agir plus vite

Le retrait de l’arme de service aurait pu éviter le geste volontaire d’un policier décédé à Lévis en 2017

- CATHERINE BOUCHARD

Le coroner Luc Malouin recommande à la Sûreté du Québec de bien appliquer les directives sur le retrait des armes à feu, à la suite du suicide d’un agent survenu en juillet 2017.

La victime, Alexandre Dubois, 42 ans, a mis fin à ses jours le 24 juillet 2017, au parc Valéro à Lévis.

Dans son rapport déposé hier, Me Malouin raconte que dans les deux semaines précédant son décès, le policier a vécu une véritable descente aux enfers, alors qu’il a appris qu’il faisait l’objet d’une enquête interne pour une plainte de parjure à la direction générale de la Sûreté du Québec.

Cette plainte venait d’un homme que l’agent Dubois avait intercepté et à qui il avait remis une contravent­ion d’une centaine de dollars.

L’homme plaidait que le policier avait indiqué une mauvaise direction dans son rapport sur l’intercepti­on.

TOUJOURS SON ARME

Lorsqu’il a été avisé de cette plainte, le policier était en congé différé depuis le 1er février 2017 pour faire des études. Or, il avait toujours accès à son arme de service, en dépit de ce que prévoit la politique de gestion de l’arme de service de la Sûreté du Québec (SQ).

Cette politique stipule que toute arme de service est retirée à un policier, notamment lors d’une absence d’une durée réelle ou prévue dépassant 30 jours civils.

Le policier, qui cumulait 20 années de service sans faille au sein de la SQ, est devenu tourmenté par cette plainte.

« Il se voyait déjà accusé, faire la manchette des journaux, et condamné, alors que l’enquête avait à peine débuté. Il était obsédé par cette éventualit­é et ne pouvait vivre avec, car, pour lui, toute sa famille en subirait les contrecoup­s », est-il indiqué dans le rapport.

PAS UNE GARANTIE

Le coroner indique que l’arme aurait dû lui être retirée dès le 1er février.

« Ce n’est pas une garantie qu’il n’aurait pas posé son geste dangereux, mais, au moins, on ne lui aurait pas donné cette possibilit­é », écrit le coroner.

L’agent Dubois avait rendez-vous avec un médecin quatre jours après son décès.

« L’absence de l’arme de service auraitelle pu changer le cours des choses ? » laisse planer le coroner.

La SQ a brièvement commenté le rapport.

« La Sûreté du Québec a pris connaissan­ce du rapport et a rappelé aux responsabl­es des postes de bien appliquer la politique de retrait d’arme à feu, lors d’une absence prolongée ou lorsqu’un agent est en détresse », a indiqué le porte-parole, Hugo Fournier.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES, COURTOISIE ?? Le policier Alexandre Dubois, 42 ans, qui a mis fin à ses jours le 24 juillet 2017.
PHOTO D’ARCHIVES, COURTOISIE Le policier Alexandre Dubois, 42 ans, qui a mis fin à ses jours le 24 juillet 2017.

Newspapers in French

Newspapers from Canada