Une légalisation tout en sobriété
OTTAWA | L’air de fête était loin de régner au Parlement au jour un de la légalisation du cannabis, les élus fédéraux interrogés ne se bousculant pas pour s’allumer un joint afin de célébrer.
« J’ai dit à plusieurs reprises que je ne suis pas un consommateur de drogues », a dit le premier ministre Justin Trudeau, ajoutant qu’il n’a aucune intention de consommer du cannabis. Plusieurs députés de toute allégeance ont tenu le même discours.
Bien que les libéraux réalisaient hier une promesse phare, ses élus ont joué de sobriété, rappelant les effets néfastes du pot. Plusieurs ministres ont précisé qu’un éventuel succès de la politique tant attendue ne se mesurerait que dans plusieurs mois.
MESURE DU SUCCÈS
« Le déclin dans le taux de consommation auprès des jeunes » sera la réelle « définition du succès » pour la ministre de la Santé Ginette Petitpas Taylor. Ses collègues et elle ont répété près d’une vingtaine de fois des variantes du mot « strict » pour qualifier l’encadrement du marché légal du cannabis lors d’une conférence de presse de 45 minutes.
Le succès de la légalisation se calculera aussi par le déplacement de 50 % des profits du marché illicite de cannabis, estimé à huit milliards $, vers le marché légal. C’est ce qu’a soutenu le ministre de la Sécurité frontalière et de la Réduction du crime organisé Bill Blair.
En Chambre, la légalisation du cannabis a été le lieu de peu d’interventions des députés des partis d’opposition. Les conservateurs ont plutôt talonné le premier ministre sur un tout autre dossier.
Certains élus croisés dans les couloirs du Parlement n’ont toutefois pas manqué de critiquer la légalisation du cannabis, la jugeant mal orchestrée, entre autres. Le conservateur Gérard Deltell était d’ailleurs vêtu tout en noir pour marquer ce « jour sombre ».