CAQ : la barre est trop haute ?
Croyez-le ou non, mais j’ai été ému à l’assermentation des ministres caquistes.
Même moi, qui n’arrête pas de chialer et qui vois toujours le verre à moitié vide, je me suis mis à y croire en voyant défiler un à un les membres de cette équipe du tonnerre, jeune, enthousiaste, sincère…
Et si ce gouvernement était celui qu’on attendait ?
LE VENT DU LARGE
C’est d’ailleurs l’un des principaux problèmes du nouveau gouvernement. Les attentes sont tellement élevées, nos espoirs sont tellement grands, qu’on ne peut qu’être déçu.
D’un gouvernement libéral, je ne m’attendrais à rien. Ou à pas grandchose. Une machine qui continue de tourner toute seule dans son coin, ron-ron-petit-patapon.
Et du PQ, je m’attendrais à des chicanes internes entre les différentes tribus souverainistes – les pressés, les pas pressés, les progressifs, les dépressifs...
Mais de la CAQ, je m’attends à beaucoup. Trop ? Sûrement. Que voulez-vous, depuis le temps qu’on vit enfermé dans la maison, maintenant qu’on a ouvert toutes grandes les fenêtres, on s’attend à sentir le vent du large nous souffler dans les cheveux. Prenez Jean-françois Roberge. S’il y a un gars que je voulais voir à la tête du ministère de l’éducation, c’est bien lui.
(Remerciements à Jean XXIII pour faveur obtenue.)
Mais entre écrire un livre brillant sur l’éducation (ce qu’il a fait avec Et si on réinventait l’école ?) et réussir à guérir le patient, il y a un monde.
C’est la différence entre Jean-françois Roberge tout seul devant son ordinateur et Jean-françois Roberge assis devant les hauts fonctionnaires, les syndicats de profs, les commissions scolaires, la Fédération québécoise des directions d’enseignement, les associations de parents, et tutti quanti.
Comme dit Judy Garland lorsqu’elle se retrouve projetée au royaume du magicien d’oz : « Toto, j’ai l’impres- sion que nous ne sommes plus au Kansas… »
Je pense que le nouveau ministre va regarder l’ampleur et la difficulté de la tâche, et qu’il va se dire, comme Roy Scheider dans Les dents de la mer : « Il nous faudrait un plus gros bateau… »
LA LAÏCITÉ POUR « LES AUTRES »
Mais, bon, donnons la chance au coureur.
Même si le gouvernement Legault fait la démonstration qu’il ne comprend strictement rien à la notion de neutralité religieuse de l’état en voulant garder à tout prix les crucifix à l’assemblée nationale et dans les palais de justice.
Et même si c’est une erreur monumentale de donner les dossiers de l’immigration ET de la laïcité au même homme.
Essayez, après, de dire que la « laïcité à la sauce caquiste » s’adresse à tous les citoyens et ne vise pas que « les autres » !
Vous dites justement le contraire en protégeant le crucifix et en mêlant laïcité et immigration !
Denise Bombardier a écrit hier que François Legault rassure et apaise, car il a des allures de « bon père de famille ». C’est vrai. Mais parfois, notre nouveau premier ministre fait aussi penser à Mister Bean.
Je ne sais pas laquelle de ses deux personnalités va prendre le dessus sur l’autre.
Mais une chose est sûre : la politique québécoise va (enfin) redevenir intéressante !
Et qui sait ? On va peut-être être agréablement surpris…
Plus les attentes sont élevées, plus on risque d’être déçu…