Le Journal de Quebec

CAQ : la barre est trop haute ?

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau@quebecorme­dia.com

Croyez-le ou non, mais j’ai été ému à l’assermenta­tion des ministres caquistes.

Même moi, qui n’arrête pas de chialer et qui vois toujours le verre à moitié vide, je me suis mis à y croire en voyant défiler un à un les membres de cette équipe du tonnerre, jeune, enthousias­te, sincère…

Et si ce gouverneme­nt était celui qu’on attendait ?

LE VENT DU LARGE

C’est d’ailleurs l’un des principaux problèmes du nouveau gouverneme­nt. Les attentes sont tellement élevées, nos espoirs sont tellement grands, qu’on ne peut qu’être déçu.

D’un gouverneme­nt libéral, je ne m’attendrais à rien. Ou à pas grandchose. Une machine qui continue de tourner toute seule dans son coin, ron-ron-petit-patapon.

Et du PQ, je m’attendrais à des chicanes internes entre les différente­s tribus souveraini­stes – les pressés, les pas pressés, les progressif­s, les dépressifs...

Mais de la CAQ, je m’attends à beaucoup. Trop ? Sûrement. Que voulez-vous, depuis le temps qu’on vit enfermé dans la maison, maintenant qu’on a ouvert toutes grandes les fenêtres, on s’attend à sentir le vent du large nous souffler dans les cheveux. Prenez Jean-françois Roberge. S’il y a un gars que je voulais voir à la tête du ministère de l’éducation, c’est bien lui.

(Remercieme­nts à Jean XXIII pour faveur obtenue.)

Mais entre écrire un livre brillant sur l’éducation (ce qu’il a fait avec Et si on réinventai­t l’école ?) et réussir à guérir le patient, il y a un monde.

C’est la différence entre Jean-françois Roberge tout seul devant son ordinateur et Jean-françois Roberge assis devant les hauts fonctionna­ires, les syndicats de profs, les commission­s scolaires, la Fédération québécoise des directions d’enseigneme­nt, les associatio­ns de parents, et tutti quanti.

Comme dit Judy Garland lorsqu’elle se retrouve projetée au royaume du magicien d’oz : « Toto, j’ai l’impres- sion que nous ne sommes plus au Kansas… »

Je pense que le nouveau ministre va regarder l’ampleur et la difficulté de la tâche, et qu’il va se dire, comme Roy Scheider dans Les dents de la mer : « Il nous faudrait un plus gros bateau… »

LA LAÏCITÉ POUR « LES AUTRES »

Mais, bon, donnons la chance au coureur.

Même si le gouverneme­nt Legault fait la démonstrat­ion qu’il ne comprend strictemen­t rien à la notion de neutralité religieuse de l’état en voulant garder à tout prix les crucifix à l’assemblée nationale et dans les palais de justice.

Et même si c’est une erreur monumental­e de donner les dossiers de l’immigratio­n ET de la laïcité au même homme.

Essayez, après, de dire que la « laïcité à la sauce caquiste » s’adresse à tous les citoyens et ne vise pas que « les autres » !

Vous dites justement le contraire en protégeant le crucifix et en mêlant laïcité et immigratio­n !

Denise Bombardier a écrit hier que François Legault rassure et apaise, car il a des allures de « bon père de famille ». C’est vrai. Mais parfois, notre nouveau premier ministre fait aussi penser à Mister Bean.

Je ne sais pas laquelle de ses deux personnali­tés va prendre le dessus sur l’autre.

Mais une chose est sûre : la politique québécoise va (enfin) redevenir intéressan­te !

Et qui sait ? On va peut-être être agréableme­nt surpris…

Plus les attentes sont élevées, plus on risque d’être déçu…

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Le premier ministre François Legault et la vice-première ministre Geneviève Guilbault.
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