Des ministres, d’abord des humains
Certaines nominations au Conseil des ministres sont l’aboutissement d’histoires humaines fort inspirantes. Le nouveau ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, a certainement attiré l’attention lors de l’assermentation des ministres du gouvernement Legault. Ses deux jeunes fils sont allés le rejoindre au moment de la signature des registres.
Le lieutenant-gouverneur a même dû faire un brin de gardiennage pour libérer une main au ministre qui devait tenir le stylo. Cette scène amusante, mais aussi authentique et émouvante avait de quoi toucher encore davantage ceux qui connaissent le parcours du jeune homme. Le nouveau ministre de la Famille a un parcours de vie qui donne à sa nomination une saveur toute particulière.
Enfant, Mathieu Lacombe ne l’a pas eu facile. Ses parents ont vécu une séparation difficile. Problèmes de santé mentale d’un côté, difficultés de la vie de l’autre, aucun de ses parents n’a pu lui offrir ce qu’on appelle dans le jargon un milieu adéquat.
FOYERS D’ACCUEIL
De fil en aiguille, il s’est retrouvé pendant quelques années promené d’un foyer d’accueil à un autre. Il parle de cette époque comme d’une enfance vécue souvent bien seul. C’est finalement plus tard, lorsqu’il arriva au secondaire, qu’un oncle et une tante décidèrent de le prendre en charge. Ils devinrent sur le tard, sa famille, son foyer.
Lorsqu’on lui en parle, Mathieu Lacombe n’en veut pas à ses parents et ne joue pas à la victime d’une enfance difficile. Il assume ce qu’il a vécu et est fier de ce qu’il a accompli depuis. Il n’en demeure pas moins qu’il y a quelque chose de profondément touchant dans son histoire. Un jeune qui est passé par les foyers d’accueil au moment où l’on a le plus besoin d’une famille devient, à 30 ans, le ministre québécois de la Famille.
La politique procure de ces très belles histoires. Cela ne fait pas de Lacombe un ministre infaillible ou inattaquable. Il pourra commettre des erreurs comme les autres. Mais il est difficile d’imaginer qu’il n’ait pas un regard particulier sur l’importance du mandat qu’il entreprend pour les enfants du Québec. Et lorsqu’il affirmera vouloir donner sa chance à chaque enfant, son message aura de la résonance.
PASSIONNÉ D’ÉDUCATION
Jean-françois Roberge a aussi une démarche intéressante. D’abord enseignant, il est devenu auteur puis chroniqueur dans certains médias sur le thème de la réussite scolaire. À chaque intervention, il a exprimé une passion de l’éducation et une obsession de la réussite du plus grand nombre d’enfants.
Je me souviens lui avoir parlé juste avant qu’il ne décide de faire le saut en politique. Il ne rêvait pas d’une carrière politique. Il s’interrogeait plutôt sur la possibilité que ses idées sur l’école puissent cheminer dans un parti politique.
Il a réussi toutes les étapes. Il s’est fait élire député avec la CAQ. Il a participé grandement au développement du programme en éducation. Son parti élu, il est devenu ministre de l’éducation. Vous vous demandez pourquoi il avait les yeux dans l’eau au moment de prêter serment ?