Empathie, respect et responsabilité
Après quatre ans d’austérité libérale imposée de manière autoritaire et inflexible, l’arrivée au pouvoir d’un premier ministre désirant faire de l’« empathie » et de l’adhésion des citoyens sa « marque de commerce » frôle presque la révolution. Au bas mot, c’est l’antithèse radicale du tandem Couillard-barrette.
Avec raison, on a beaucoup souligné le pouvoir d’influence de deux jeunes ministres brillants : Simon Jolin-barrette, leader parlementaire du gouvernement et ministre de l’immigration, et Geneviève Guilbault, vice-première ministre et ministre de la Sécurité publique.
Se présentant comme le premier ministre de l’économie, c’est néanmoins sous l’angle de l’« empathie » dans l’offre des services publics que François Legault semble aussi vouloir se démarquer.
Ça tombe bien. Loin d’être de simples sentiments ou un slogan vide, l’empathie, la bienveillance et la sollicitude, comme valeurs cardinales de gouvernance, sont une nécessité plus que jamais. Encore plus au Québec. Sa jeunesse est de plus en plus ségréguée selon les revenus des parents dans un système scolaire grossièrement inégalitaire.
VICTIMES
Société vieillissante, il s’engouffre aussi dans une privatisation accélérée des services aux aînés. Idem pour les proches aidants et les personnes handicapées intellectuelles ou physiques.
Disons-le clairement. Il faut vivre ces réalités pour prendre la pleine mesure de l’abandon crasse dont ces millions de Québécois ont fait l’objet sous Philippe Couillard. De nombreux rapports accablants de la vérificatrice générale et de la protectrice du citoyen en ont amplement témoigné.
Mais attention. L’empathie réelle suppose que l’action suivra les intentions. De fait, en matière de politiques publiques, l’empathie est le seul moteur capable de propulser trois autres grands principes éthiques : respect, écoute et prise de responsabilité.
UN TRIO ESSENTIEL
D’où l’importance cruciale du nouveau « trio de la santé », dont la vaste commande reçue est de redresser cette immense machine déshumanisée et détraquée sous Gaétan Barrette. Ce trio, c’est Danielle Mccann, ministre de la Santé et des Services sociaux. Lionel Carmant, ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, et Marguerite Blais, ministre responsable des Aînés et des Proches aidants.
Incroyable, mais vrai. Pour la première fois de l’histoire du Québec, les proches aidants – dont je suis avec 1,6 million de concitoyens, incluant une majorité de femmes – ont maintenant leur propre ministre. Qui plus est, une ministre qui, depuis des années, en a fait sa cause première.
Dit autrement, pendant que le dossier sensible de la laïcité et le « trio économique » du premier ministre Legault attirent l’attention médiatique, d’ici la fin de son mandat, le « vrai » test de son gouvernement, le plus exigeant de tous, s’annonce sur un tout autre plan.
Son principal défi étant de commencer à remettre à flot le système scolaire, la santé et les services sociaux. Pas le temps de chômer, comme dirait l’autre. Pour ce faire, « notre gouvernement doit être proche du monde », disait François Legault à ses nouveaux ministres.
Il reste maintenant à souhaiter que ce retour tant attendu à une politique dite de « proximité » s’incarne de manière concrète dans l’action du gouvernement Legault. Et surtout, qu’elle s’installe à demeure.