Le Journal de Quebec

Trop dépenser quand ça va bien peut être risqué

À l’emploi de l’industrie aéronautiq­ue, Martin touche un bon salaire, auquel s’ajoutent des heures supplément­aires. Un revenu confortabl­e qui l’a incité à consommer davantage, jusqu’à ce que…

- Emmanuelle Gril

Malheureus­ement, les bonnes choses ont une fin. Grâce aux heures supplément­aires, Martin pouvait ajouter 15 000 $ à son salaire annuel de 65 000 $ depuis cinq ans. Mais elles ont été fortement réduites, ne représenta­nt plus que 3000 $ seulement. Une bien mauvaise nouvelle pour Martin, qui a cumulé une dette totale de 15 000 $ sur ses trois cartes de crédit.

UNE BAISSE DRASTIQUE

Car Martin a tenu pour acquises ces sommes supplément­aires et les a intégrées à son budget comme si elles étaient récurrente­s. Dans ces conditions, il lui a été difficile de réduire son train de vie, et il a continué à s’endetter. « Contrairem­ent à un bonus, qui est ponctuel, le temps supplément­aire est plus dangereux, car on peut croire qu’il s’agit d’un revenu stable et s’y fier sur le long terme », prévient Pierre Fortin, syndic autorisé en insolvabil­ité, président de Jean Fortin et Associés.

Avant de perdre une bonne partie de ce surcroît de revenus, Martin remboursai­t sans difficulté chaque mois 455 $ sur un prêt et 450 $ de paiements minimums sur ses cartes de crédit.

Pour pouvoir continuer à fonctionne­r après la réduction de ses entrées d’argent, il a fait des avances de fonds sur l’une de ses cartes de crédit afin d’effectuer les paiements minimums sur les autres. Une bien mauvaise idée qui lui donne l’impression qu’il parvient à rester à flot, alors qu’au contraire, il est en train de couler lentement, mais sûrement…

« Lorsque Martin est venu nous consulter au bout de 15 mois avec un revenu réduit, le solde impayé sur ses cartes était passé de 15 000 $ à 28 000 $. Il avait l’impression que tout était sous contrôle, car ses paiements étaient à jour, mais nous lui avons fait comprendre qu’il s’agissait d’une dangereuse illusion », mentionne Pierre Fortin, qui souligne que connaître le montant de ses dettes et en suivre le solde est tout aussi important que le respect des mensualité­s.

SOLUTIONS POSSIBLES

« Si Martin avait consulté tout de suite après sa perte de revenus, il aurait pu être éligible à un prêt de consolidat­ion, car son taux d’endettemen­t (communémen­t appelé ratio d’endettemen­t) était de 37 %, soit environ 3 % sous la limite de ce qui est considéré comme acceptable par les institutio­ns prêteuses », explique Pierre Fortin.

Avec le solde de cartes de crédit actuel, son ratio est toutefois passé à 44 %, un drapeau rouge pour les créanciers. Étant donné que la consolidat­ion n’est plus une option, le syndic a recommandé à Martin de déposer une propositio­n de consommate­ur. Les paiements men- suels seront de 450 $ durant 60 mois, soit nettement moins que les 850 $ qu’il aurait dû verser s’il avait pu obtenir un prêt de consolidat­ion, mais son dossier de crédit en sera affecté.

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