Prudence avec les impacts à long terme
L’ÉNONCÉ
Au lendemain de la légalisation du cannabis, jeudi, le député conservateur
Gérard Deltell a affirmé, au micro de Paul Arcand, que le pot « affecte directement le cerveau à long terme, alors que ce n’est pas le cas pour l’alcool ».
Il citait une étude publiée dans The American Journal of Psy
chiatry au début du mois par des chercheurs de l’université de Montréal.
LES FAITS
D’abord, l’étude citée par M. Deltell indique que « la consommation de cannabis et d’alcool à l’adolescence [est] associée à une performance généralement inférieure dans tous les domaines cognitifs », même si les effets du pot « semblent être plus prononcés » que ceux observés pour l’alcool.
« Il reste à déterminer les effets causals et durables de l’usage de substances chez les adolescents sur leur développement cognitif », souligne aussi un des auteurs, Jean-françois G. Morin, dans un communiqué.
Ensuite, contrairement à ce qu’affirme M. Deltell, l’alcool affecte directement le cerveau à long terme.
« C’est clairement montré que la consommation d’alcool en bas âge et à l’adolescence nuit au développement du cortex frontal de manière irréversible », soutient Jean-sébastien Fallu, professeur à l’école de psychoéducation de l’université de Montréal et spé- cialiste de la prévention de la toxicomanie. Une étude du Britishmedical
Journal publiée l’an dernier montre aussi qu’à long terme, la consommation d’alcool modérée peut être associée avec l’atrophie de l’hippocampe, qui joue un rôle important dans la mémoire.
De plus, il faut être prudent avec les études qui s’intéressent aux effets d’une ou plusieurs substances sur le cerveau.
M. Fallu souligne qu’il est très difficile de répliquer les résultats d’une étude, et que le cerveau peut être affecté par d’autres facteurs, comme une « sous-scolarisation ou de mauvaises habitudes de vie associées à l’usage de cannabis et d’alcool, par exemple ».