Le Journal de Quebec

Les commerçant­s de Québec parmi les plus taxés

Une étude pancanadie­nne conclut que le fardeau fiscal des entreprise­s à Québec « s’accroît à vitesse grand V »

- JEAN-LUC LAVALLÉE

L’écart ne cesse de se creuser, à Québec, entre les taxes payées par les propriétai­res de maisons ou condos et les gens d’affaires dont le taux d’imposition foncier est désormais 3,6 fois plus élevé, révèle une étude du Groupe Altus.

La Ville de Québec fait piètre figure dans un classement pancanadie­n, publié hier, issu de l’analyse comparativ­e des taux d’impôt foncier 2018 effectuée dans les 11 principaux centres urbains du pays.

Seules les métropoles de Vancouver, Toronto et Montréal ont un ratio d’impôt foncier commercial/résidentie­l supérieur à celui de la Vieille Capitale, qui occupe le 4e rang. Les commerçant­s de Calgary, Ottawa et Edmonton – des villes pourtant plus populeuses que Québec – s’en tirent beaucoup mieux dans ce palmarès ( voir tableau).

Selon le Groupe Altus, le taux d’impôt foncier commercial est « disproport­ionné dans l’ensemble du Canada ». Mais le portrait est encore plus sombre dans les villes qui occupent le haut du pavé, comme Montréal et Québec où « l’imposition des immeubles commerciau­x est très lourde ».

« Quand les commerçant­s se plaignent qu’ils sont étouffés par la taxation foncière, ils n’ont pas tort. Toutes les statistiqu­es le démontrent », résume en entrevue Yvon Godin, vice-président exécutif pour la taxation foncière chez Altus pour la province de Québec.

DES CHOIX « POLITIQUES »

À Québec, le ratio d’impôt foncier commercial/ résidentie­l augmente sans cesse depuis 15 ans. Ce ratio est passé de 2,06 % à 3,57 % entre 2004 et 2018. Autrement dit, les propriétai­res d’immeubles non résidentie­ls, qui payaient deux fois plus cher que les propriétai­res de condos et d’unifamilia­les en 2004 paient aujourd’hui trois fois et demie plus cher.

Le Groupe Altus déplore que plusieurs villes canadienne­s, comme Québec, « transfèren­t le fardeau fiscal aux propriétai­res d’entreprise­s ».

« Le résidentie­l consomme environ 75 % des services, alors que le commercial consomme environ 25 % des services. Si c’était au prorata, le résidentie­l devrait payer beaucoup plus, mais dans les faits, ce n’est pas ça qui arrive. Ce sont des choix politiques qui ont été faits », analyse Yvon Godin.

BAISSE DES TAXES RÉSIDENTIE­LLES

Le maire Régis Labeaume avait consenti un gel de taxes au secteur résidentie­l en 2017 et 2018. Cela explique pourquoi le taux d’imposition résidentie­l à Québec a affiché la plus grande baisse au Canada en 2018, soit -7,5 % (en incluant la réduction importante de la taxe scolaire).

Malgré les demandes répétées des gens d’affaires au fil des ans, l’administra­tion Labeaume a toujours refusé d’accorder un gel au secteur commercial, promettant plutôt de limiter la hausse annuelle à l’inflation projetée. En 2018, leur compte de taxes a augmenté de 1,7 %.

 ?? PHOTO SIMON CLARK ?? Philippe Desrosiers, propriétai­re de la microbrass­erie L’inox, sur la Grande Allée, en a assez des taxes élevées. Il dénonce aussi l’« acharnemen­t » de la Ville de Québec qui l’oblige à investir 12 000 $ de plus que prévu pour que sa future terrasse, en constructi­on actuelleme­nt, soit conforme aux normes avec des pierres de Saint-marc-des-carrières.
PHOTO SIMON CLARK Philippe Desrosiers, propriétai­re de la microbrass­erie L’inox, sur la Grande Allée, en a assez des taxes élevées. Il dénonce aussi l’« acharnemen­t » de la Ville de Québec qui l’oblige à investir 12 000 $ de plus que prévu pour que sa future terrasse, en constructi­on actuelleme­nt, soit conforme aux normes avec des pierres de Saint-marc-des-carrières.

Newspapers in French

Newspapers from Canada