Le Journal de Quebec

Laïcité : le procès va (re)commencer

- JOSEPH FACAL joseph.facal@quebecorme­dia.com

Quand un feu s’éteint, les braises restent brûlantes pour un temps.

Pour le dire autrement, on peut croire qu’une question est morte jusqu’à ce qu’on découvre à nos dépens qu’il n’en est rien.

La CAQ doit sa victoire au fait que la question du statut politique du Québec n’est plus au centre de la discussion publique.

Tant que cette question était dominante, la grande majorité des électeurs votait pour le PLQ ou pour le PQ.

Les autres partis étaient asphyxiés.

Le gouverneme­nt Legault va très bientôt refaire connaissan­ce avec la question constituti­onnelle.

CONTESTATI­ONS

Le gouverneme­nt Legault va cependant très bientôt refaire connaissan­ce avec la question constituti­onnelle.

Bien malin serait celui qui aurait pu prévoir, il y a quelques années, que c’est par la religion qu’on y reviendrai­t.

Interdire les signes religieux à certains employés de l’état – ce que j’approuve avec force – se heurtera assurément à la réalité politico-juridique du Canada.

Je pourrais vous citer des tas d’exemples de pays dans lesquels on a interdit à diverses catégories d’employés, y compris dans le secteur privé, de porter des signes religieux visibles.

Mais le Québec n’est pas un pays. Juridiquem­ent et politiquem­ent, notre pays, c’est le Canada.

Et il y a au moins deux conséquenc­es bien concrètes à cela.

La première est que, depuis l’adoption, en 1982, de la Charte canadienne des droits et libertés, les droits individuel­s priment sur les droits collectifs.

La deuxième est que l’on peut invoquer sa religion pour se soustraire au devoir d’obéir aux règles de droit applicable­s à tous.

C’est du moins la tendance lourde clairement perceptibl­e quand on examine la jurisprude­nce de la Cour suprême.

Je vous parie ce que vous voulez que des contestati­ons juridiques des intentions du gouverneme­nt Legault sont déjà en préparatio­n.

S’il veut prévaloir, le gouverneme­nt Legault n’aura d’autre choix que de recourir aux clauses de dérogation lui permettant de contourner cette difficulté, soit l’article 33 de la Charte canadienne et l’article 52 de la Charte québécoise.

Il aura le droit et la légitimité de le faire, et il faudra l’appuyer.

Quand Justin Trudeau a servi une mise en garde à François Legault, il a donné un avant-goût de ce qui s’en venait.

Toute l’artillerie médiatico-intello-juridico-politique du Canada anglais fera passer le gouverneme­nt Legault et le Québec français dans sa quasi-totalité pour un ramassis d’intolérant­s.

ISOLÉ

Pourtant, comme l’expliquait récemment un groupe de juristes dans un texte collectif publié dans Le Devoir, au cours des 40 dernières années, les clauses de dérogation ont été invoquées à 106 reprises, dans divers domaines, par le gouverneme­nt du Québec sans que le Québec se soit transformé en dictature. Il va venter, vous allez voir. On aura une autre belle démonstrat­ion de ce que pensent de nous ces élites canadienne­s qui carburent au multicultu­ralisme radical.

Et nous redécouvri­rons à quel point les Québécois francophon­es sont aujourd’hui des exilés de l’intérieur dans ce Canada qu’ils crurent jadis à eux.

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François Legault et Justin Trudeau
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