Le Journal de Quebec

Acquitté, il poursuit Québec et la SQ

Un entreprene­ur en excavation accusé d’agression sexuelle réclame 620 000 $

- ISABELLE TREMBLAY

SAGUENAY | Trois procureure­s de la Couronne et deux enquêteurs de la Sûreté du Québec (SQ) disent avoir bien fait leur travail en accusant un homme d’affaires d’agression sexuelle sur une adolescent­e de 13 ans, même s’il a par la suite été acquitté.

L’entreprene­ur en excavation Mario Gauthier, 60 ans, et sa famille poursuiven­t Québec, la SQ et la plaignante pour 620 000 $.

M. Gauthier dit avoir vécu l’enfer depuis qu’il a été accusé, le 9 août 2012. Il a notamment été traité de pédophile, son entreprise a perdu des contrats et son fils a été intimidé et menacé à l’école.

Il avait été acquitté en 2015 après un procès où la plaignante s’est contredite.

La procureure qui a accepté le dépôt des accusation­s, Me Marie-audrey Chassé, a témoigné hier au procès civil au palais de justice de Chicoutimi.

Elle affirme qu’elle était prête à aller en procès aussitôt qu’elle a pris connaissan­ce du rapport des enquêteurs.

CAUSE IMPORTANTE

Après avoir visionné l’entrevue vidéo de l’adolescent­e de 13 ans qui disait avoir été violée, et avoir lu les documents de la police, Me Chassé a jugé avoir une preuve solide.

« La déclaratio­n était amplement suffisante et j’avais tous les éléments pour faire condamner monsieur », a-t-elle dit devant le tribunal, hier.

Il est rare que des gens acquittés au criminel poursuiven­t au civil pour être dédommagés. Pour avoir gain de cause, l’homme doit prouver que la SQ a fait une enquête bâclée. Il doit aussi convaincre la Cour supérieure que le Directeur des poursuites criminelle­s et pénales (DPCP) a fait preuve d’entêtement et de mauvais jugement tout au long des procédures judiciaire­s.

En ce qui a trait aux événements à connotatio­n sexuelle, il doit de nouveau démontrer qu’il est bel et bien innocent.

« Même s’il a été acquitté au criminel, je dois prouver qu’il n’a pas commis les gestes, selon la balance des probabilit­és », affirme son avocate, Me Marie-claude Gagnon.

PROPOS VÉRIDIQUES

Les deux enquêteurs et les trois procureure­s de la Couronne continuent de croire que l’adolescent­e a dit vrai, même si plusieurs contradict­ions ont été soulevées.

Me Mélanie Paré a hérité de la cause à son retour de vacances, en septembre 2012. Elle a rencontré la plaignante à diverses occasions avant le procès.

« Encore aujourd’hui, je suis convaincue que les événements sont arrivés », insiste la procureure. Selon elle, même si la présumée victime était fragile, elle a maintenu sa version.

« Je la crois encore aujourd’hui. J’ai prêté serment. Je vais continuer de croire que je pouvais démontrer hors de tout doute raisonnabl­e que monsieur pouvait être condamné », a-t-elle dit.

Même si elle est visée par la poursuite, la plaignante ne s’est pas défendue et n’a pas assisté au procès.

Les plaidoirie­s des avocats auront lieu aujourd’hui.

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PHOTO COLLABORAT­ION SPÉCIALE ISABELLE TREMBLAY L’entreprene­ur Mario Gauthier, hier, au palais de justice de Chicoutimi.

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