Acquitté, il poursuit Québec et la SQ
Un entrepreneur en excavation accusé d’agression sexuelle réclame 620 000 $
SAGUENAY | Trois procureures de la Couronne et deux enquêteurs de la Sûreté du Québec (SQ) disent avoir bien fait leur travail en accusant un homme d’affaires d’agression sexuelle sur une adolescente de 13 ans, même s’il a par la suite été acquitté.
L’entrepreneur en excavation Mario Gauthier, 60 ans, et sa famille poursuivent Québec, la SQ et la plaignante pour 620 000 $.
M. Gauthier dit avoir vécu l’enfer depuis qu’il a été accusé, le 9 août 2012. Il a notamment été traité de pédophile, son entreprise a perdu des contrats et son fils a été intimidé et menacé à l’école.
Il avait été acquitté en 2015 après un procès où la plaignante s’est contredite.
La procureure qui a accepté le dépôt des accusations, Me Marie-audrey Chassé, a témoigné hier au procès civil au palais de justice de Chicoutimi.
Elle affirme qu’elle était prête à aller en procès aussitôt qu’elle a pris connaissance du rapport des enquêteurs.
CAUSE IMPORTANTE
Après avoir visionné l’entrevue vidéo de l’adolescente de 13 ans qui disait avoir été violée, et avoir lu les documents de la police, Me Chassé a jugé avoir une preuve solide.
« La déclaration était amplement suffisante et j’avais tous les éléments pour faire condamner monsieur », a-t-elle dit devant le tribunal, hier.
Il est rare que des gens acquittés au criminel poursuivent au civil pour être dédommagés. Pour avoir gain de cause, l’homme doit prouver que la SQ a fait une enquête bâclée. Il doit aussi convaincre la Cour supérieure que le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) a fait preuve d’entêtement et de mauvais jugement tout au long des procédures judiciaires.
En ce qui a trait aux événements à connotation sexuelle, il doit de nouveau démontrer qu’il est bel et bien innocent.
« Même s’il a été acquitté au criminel, je dois prouver qu’il n’a pas commis les gestes, selon la balance des probabilités », affirme son avocate, Me Marie-claude Gagnon.
PROPOS VÉRIDIQUES
Les deux enquêteurs et les trois procureures de la Couronne continuent de croire que l’adolescente a dit vrai, même si plusieurs contradictions ont été soulevées.
Me Mélanie Paré a hérité de la cause à son retour de vacances, en septembre 2012. Elle a rencontré la plaignante à diverses occasions avant le procès.
« Encore aujourd’hui, je suis convaincue que les événements sont arrivés », insiste la procureure. Selon elle, même si la présumée victime était fragile, elle a maintenu sa version.
« Je la crois encore aujourd’hui. J’ai prêté serment. Je vais continuer de croire que je pouvais démontrer hors de tout doute raisonnable que monsieur pouvait être condamné », a-t-elle dit.
Même si elle est visée par la poursuite, la plaignante ne s’est pas défendue et n’a pas assisté au procès.
Les plaidoiries des avocats auront lieu aujourd’hui.