Ottawa tarde à indemniser une victime de la thalidomide
AGENCE QMI | Une victime de la thalidomide, un médicament qui a causé de graves malformations à plusieurs foetus au Canada, attend toujours d’être indemnisée. L’argent promis par le gouvernement fédéral se fait encore attendre.
« Moi, j’ai deux prothèses. Je n’ai pas de pieds, pas de mains. Je suis venu au monde comme ça », a expliqué Pierre Cabana.
L’homme de Thetford Mines fait partie de la centaine de Canadiens nés handicapés à cause de la thalidomide, un médicament utilisé durant les années 50 et 60 contre la nausée entre autres chez les femmes enceintes. « Ma mère avait des nausées, elle vomissait. Ma mère m’en avait déjà parlé qu’elle avait pris ces pilules-là », a précisé M. Cabana.
« COMME UN ÊTRE HUMAIN »
Pour Luc Berthold, député conservateur de Mégantic–l’érable, « il est évident que c’est une victime de la thalidomide. Cependant, il faut qu’il prouve, par des médecins, par des affidavits, etc. C’est incroyable la paperasse qu’il yaà faire remplir pour faire ça ».
Pierre Cabana a des déformations aux mains, aux pieds et une jambe plus courte que l’autre. Pour être indemnisé, il lui faut des preuves, des témoignages, des tests génétiques.
« Je marche, avec un peu de mal... Lorsque je marche [sans] prothèses, j’ai une jambe plus courte que l’autre. Avec les indemnisations, l’argent, peut-être que je pourrais avoir des pieds articulés, avec des chevilles, pareil comme un être humain », a ajouté M. Cabana.
CRITÈRES D’ADMISSIBILITÉ
Auparavant, les victimes devaient fournir la preuve que leur mère avait consommé de la thalidomide pendant la grossesse. Cependant, depuis février 2018, Ottawa a annoncé un allègement des critères d’admissibilité. Or, Pierre Cabana attend toujours. « Maintenant, il y a une ouverture, on espère que ce soit réglé le plus vite possible », a mentionné Luc Berthold.
« Ça pourrait facilement être accepté, si on regarde ça avec un oeil humanitaire plutôt qu’avec un oeil administratif », croit pour sa part Louis Plamondon, député du Bloc québécois de Bécancour–nicolet–saurel.
« Je suis certain que je ne suis pas le seul qui se bat pour ça », a indiqué Pierre Cabana.
Au cabinet du ministre de la Santé, on assure que plus de handicapés en raison de la thalidomide pourront recevoir du soutien financier, mais que les annonces n’arriveront pas encore avant quelques mois.