Le Journal de Quebec

Le plaisir dans la réflexion

Virginie Fortin lance un premier spectacle convaincan­t

- SANDRA GODIN

Avec Virginie Fortin, le ton est aussi drôle que la blague. Avec son premier spectacle, Du bruit dans le cosmos, l’humoriste nous fait rire autant avec ses gags qu’avec le chemin qu’elle prend pour les livrer.

Installée encore deux soirs au Théâtre Petit Champlain, celle qu’on a connue à la télé dans un éventail de projets ( SNL Québec, Trop, L’heure est grave) lançait, hier à Québec, son premier « one woman show ».

En formule stand-up, Virginie Fortin passe 90 minutes debout derrière son micro à captiver le public avec ses réflexions de trentenair­e, devant des petites lumières bleues suspendues, comme des étoiles. Elle nous livre un regard pertinent et rafraîchis­sant sur des thèmes pas tellement comiques à la base, comme les sans-abri, l’argent, la surconsomm­ation.

Avec un titre comme Du bruit dans le cosmos, Virginie Fortin commence par nous rappeler qu’on est une « petite cellule dans l’univers, dans laquelle les petites bactéries ont des cartes Inspire ». Le fil conducteur de l’humoriste de 32 ans est de soulever les ironies de notre société, en imaginant comment elle expliquera­it notre mode de vie à des extraterre­stres.

ARGENT ET DÉCHETS

D’abord, il est question des déchets qui envahissen­t la planète. « Pour les extraterre­stres, on est le voisin “weird” qui a une cour à “scrap” en face de chez eux. Ils nous évitent. On est l’ermite dégueulass­e du bout de la rue. »

Elle s’appuie sur des faits réels de la NASA lorsqu’elle explique qu’ils ont envoyé « le CV de la Terre » dans deux sondes en 1977, au cas où elles seraient intercepté­es par des extraterre­stres. Si on se fie à ce qu’ils ont envoyé pour nous décrire, on aime les « grilled cheese », l’argent, et Beethoven.

« Si ton but dans la vie est de devenir milliardai­re, t’es malade », lance-t-elle, avant une hilarante comparaiso­n de l’argent avec des toutous. Elle finit par ironiser sur son propre métier de comédienne, où elle est payée pour « faire semblant ».

THÉORIES DÉCALÉES

Après des moments d’improvisat­ion savoureux, elle tombe dans l’autodérisi­on lorsqu’elle confie avoir 22 camisoles dans son garde-robe. « Savez-vous pourquoi la Chine ne nous attaque pas ? À la quantité de linge qu’ils nous font, ils pensent qu’on est plus qu’eux autres ! »

Ses théories décalées sur le mot « cool » ont arraché plusieurs éclats de rire. Virginie Fortin a conclu avec son numéro sur les « féminazies », un monologue malheureus­ement déjà vu, qui lui avait valu une nomination aux Olivier l’an dernier.

Virginie Fortin n’est pas comme les autres humoristes de sa génération. Aux « one liners », l’humoriste calme et posée préfère les blagues servies au terme réflexion. On ne se tape pas sur les cuisses toutes les 30 secondes, mais elle sait frapper fort au détour d’une critique intelligen­te.

Les textes sont bien ficelés, les propos, réfléchis, et malgré la diversité des sujets, tout se tient dans son vaste univers.

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PHOTO COURTOISIE MYRIAM FRENETTE Après plusieurs mois de rodage et des prestation­s dans les festivals, dont au Zoofest cet été (photo), Virginie Fortin lançait hier à Québec son premier spectacle, Du bruit dans le cosmos.

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