Le Journal de Quebec

Un adolescent des Pères maristes plaide coupable

Sa victime aurait d’abord été menacée par un autre accusé

- SOPHIE CÔTÉ

Le plaidoyer de culpabilit­é d’un des cinq adolescent­s accusés du Séminaire des Pères maristes a levé le voile sur le contexte troublant dans lequel une jeune fille de l’école privée en est venue à envoyer des images d’elle nue, avant de penser mettre fin à ses jours.

Charles*, 14 ans, a choisi de plaider coupable, hier, à une accusation de leurre, la seule qui pesait contre lui. Tout a commencé quelques mois plus tôt, a raconté le procureur de la Couronne, Me Hugo Breton. Un autre ado accusé, William*, aurait menacé Florence*, 13 ans, de dévoiler des informatio­ns sur son père si elle ne lui envoyait pas une photo d’elle nue.

PHOTOS ET VIDÉOS SUR SNAPCHAT

« Se sentant obligée et forcée », elle s’est exécutée sur Snapchat, a rapporté Me Breton. Elle lui en aurait envoyé plusieurs autres les semaines suivantes. Les clichés finiront plus tard par être transférés à d’autres élèves, a mentionné le procureur.

« À ce moment-là, les secondaire­s 2 vont lui demander des photos d’elle, nue, à répétition. Elle mentionne [dans sa déclaratio­n écrite] que c’était épuisant. »

Selon le récit de Me Breton, Charles et Dominic*, un autre jeune accusé, lui disent « des mots doux » pour la « faire céder plus facilement ». Sur Snapchat, elle finira par leur envoyer des photos d’elle nue.

Le 15 mars, deux semaines après les premiers échanges, Charles insiste pour que Florence lui transmette une vidéo dans laquelle elle est nue et touche ses parties intimes. Elle le fera.

Puis, Dominic aurait trouvé « injuste » de ne pas en avoir reçu une, lui aussi. Florence se filmera une deuxième fois, selon Me Breton. Quand l’affaire éclate au grand jour, le directeur saisit quatre cellulaire­s.

Florence a alors pensé mettre fin à ses jours. Elle était la cible de « sobriquets peu élogieux » d’élèves de l’école. « Elle a eu une perte d’espoir en la vie, une réputation brisée, une perte d’estime de soi », a souligné Me Breton. Elle a été hospitalis­ée cinq semaines en raison de ses idées suicidaire­s.

Charles, qui ne fréquente plus le Séminaire, reviendra devant le Tribunal de la jeunesse le 4 février. Un rapport prédécisio­nnel a été demandé. Les quatre autres accusés reviendron­t en cour les 22 et 26 novembre. Il y a trois plaignante­s au total dans cette affaire.

*Il s’agit de noms fictifs pour protéger l’identité des accusés et de la plaignante, mineurs.

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