Le Journal de Quebec

Entre le drame et la comédie

Le baptême de la petite aborde la perte des valeurs

- YVES LECLERC

Les églises sont vides. Les gens ont massivemen­t délaissé la pratique de la religion catholique. La pièce Le baptême de la petite aborde, dans un alliage de drame et d’humour, la perte de valeurs et de repères.

À l’affiche jusqu’au 10 novembre au Théâtre Périscope, Le baptême de la petite raconte un souper cauchemard­esque entre deux couples qui n’ont pas la même vision des choses.

Marie-ève (Catherine De Léan) et Antoine (Maxime Denommée) ont décidé de ne pas faire baptiser la petite Chinoise qu’ils sont sur le point d’adopter. Marieève est athée, comme sa famille, et son conjoint a accepté la situation afin de ne pas créer de vagues.

Maude (Marie-hélène Gendreau), la soeur d’antoine, trouve la chose totalement inconcevab­le.

Et c’est lors d’un souper, où Maude et son conjoint Rémi (Jean-michel Déry) sont invités, que tout dégénérera. La robe de baptême que Maude donne en cadeau transforme­ra un souper qui devait être agréable en un immense affronteme­nt.

Le conflit oppose principale­ment les deux femmes. Maude prend Marie-ève de haut. Elles se jugent et ne partagent pas du tout les mêmes valeurs. Les deux hommes ne s’aiment pas, eux aussi, mais pour une tout autre raison.

Les quatre comédiens habitent bien leurs personnage­s, et Marie-hélène Gendreau et Catherine De Léan sont parfaites dans ce duo de belles-soeurs remplies d’animosité.

CHANGEMENT­S DE TON

L’auteure Isabelle Hubert a choisi d’exploiter cette thématique en mélangeant, dans un alliage de légèreté et de tension, les éléments dramatique­s et la comédie. Une formule où les changement­s de ton se succèdent et où l’on ne va pas vraiment au fond des choses.

Peut-être par souci de divertisse­ment, on s’éloigne un peu trop parfois du véritable débat lié à la perte de valeurs souvent associées à la religion catholique, pour s’intéresser, dans des moments d’humour fort réussis, à l’idylle du passé entre Marieève et Rémi.

Les gens ne pratiquent plus, mais ils continuent de vouloir faire baptiser leurs enfants à l’église et de s’y marier. On retrouve d’ailleurs une série de segments où l’on ramène, à travers le souper, les rituels exécutés à la messe, comme la lecture de paraboles, les prières, les derniers sacrements, la cérémonie de la confirmati­on et celle du mariage, présentés comme des éléments d’un passé lointain.

Coincé entre la réflexion et le divertisse­ment, Le baptême de la petite commence par une très belle scène nostalgiqu­e mettant en vedette de vieux jouets, comme le jeu de Risk, le garage Fischer-price et le Lite-brite, mais demeure un peu trop en surface. Jusqu’à ce qu’un événement amène les quatre personnage­s à se questionne­r sur leurs valeurs et leurs rêves de croyances.

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PHOTO SUZANNE O’NEIL Les sourires hypocrites, présents au début du souper de famille, disparaîtr­ont rapidement pour une multitude de raisons, dans cette pièce qui mélange drame et humour.

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