Le frère du caïd Desjardins a été tué, croit la police
L’homme, qui semblait s’être retiré des affaires criminelles, est disparu il y a un an à Laval
Le frère aîné du caïd Raynald Desjardins, Jacques, disparu il y a maintenant un an, a vraisemblablement été assassiné dans un règlement de compte de la mafia.
« La thèse actuellement privilégiée par nos enquêteurs, c’est qu’il s’agit d’un homicide relié au crime organisé », a déclaré l’inspecteur Guy Lapointe, de la Sûreté du Québec (SQ), interrogé par Le Journal sur cette affaire.
Jacques Desjardins, 68 ans, avait quitté sa résidence à Laval, vers 8 h, le matin du 30 octobre 2017, en avisant sa famille qu’il devait se rendre « à un rendez-vous ».
UN GUET-APENS
D’après nos sources, la police croit que ce sexagénaire ayant déjà trempé dans l’importation de stupéfiants a ainsi été attiré dans un guet-apens, et possiblement par une connaissance dont il ne se méfiait pas.
Jacques Desjardins n’a jamais redonné signe de vie par la suite. Sa Volkswagen Passat blanche a été retrouvée deux jours plus tard, abandonnée dans une rue résidentielle du quartier Sainte-rose, à Laval.
Les policiers l’ont passée au peigne fin, mais les assaillants n’ont laissé aucune trace du corps derrière eux, ni d’indice de ce qui a pu arriver à l’homme qui portait un polar North Face noir et des souliers de course gris et bleu.
Les enquêteurs de la section des crimes contre la personne à la SQ ont visiblement affaire à des professionnels.
VENGEANCE CONTRE SON FRÈRE ?
Les proches de Jacques Desjardins n’avaient pas tardé à demander l’aide des policiers en disant craindre pour sa sécurité.
Le disparu semblait s’être retiré des affaires criminelles pour de bon après avoir été arrêté, au Pérou, en 2012, en lien avec la saisie de 48 kg de cocaïne. Soupçonné d’avoir financé l’importation de cette drogue au Canada, il avait finalement été libéré.
Voilà pourquoi, parmi les thèses envisagées pour expliquer ce crime, des sources policières croient plausible que les responsables aient voulu se venger du mafieux Raynald Desjardins en éliminant un membre de sa famille.
Ou encore, que Jacques Desjardins ait été éliminé après qu’on eut tenté de lui soutirer des renseignements sur son frère, qui purge présentement une peine de 14 ans de pénitencier pour s’être débarrassé d’un rival.
Raynald Desjardins s’est fait des ennemis pendant la guerre de pouvoir sanglante qui a déchiré la mafia montréalaise après l’arrestation du parrain Vito Rizzuto, en 2004, pour trois meurtres commis à New York 23 ans plus tôt.
UN AUTRE RENDEZ-VOUS
À l’automne 2011, Raynald Desjardins, qui tentait de prendre le contrôle de la mafia avec certains alliés, avait été traqué par la SQ et la Gendarmerie royale du Canada (GRC) après avoir survécu à une tentative de meurtre au AK-47. À l’époque, l’un de ses gardes du corps était le fils du disparu, Hugo Desjardins.
Les policiers interceptaient les textos du caïd alors qu’il planifiait sa revanche contre un ex-associé qui l’avait trahi, l’aspirant parrain Salvatore Montagna.
D’ailleurs, Montagna avait lui aussi été convié à un rendez-vous avant de mourir. Il croyait faussement aller à la rencontre de Raynald Desjardins pour régler leur conflit, sur l’île Vaudry, à Charlemagne, où il est mort criblé de balles le matin du 24 novembre 2011.
Un mois plus tard, Raynald Desjardins était arrêté avec une demi-douzaine de complices.
Jacques Desjardins avait été condamné à quatre ans de pénitencier en 1997 pour importation de haschich. La GRC l’avait aussi arrêté en 1992 pour une importation de cocaïne au port de Montréal, mais il a été libéré de toute accusation faute de preuves suffisantes.