Complice de l’ex-roi de la pharmacie
Une pharmacienne avoue avoir menti pour protéger son cousin qui s’était bâti un petit empire
L’ancien roi de la pharmacie a entraîné sa cousine, elle aussi pharmacienne, dans sa délinquance. Celle-ci a avoué à son ordre professionnel qu’elle avait menti pour tenter de le couvrir.
Lyne Valiquette a en effet reconnu qu’elle avait menti au syndic de l’ordre des pharmaciens pour camoufler une erreur de médicament faite par son cousin Jonathan-yan Perreault en mars 2016.
Celui-ci a été condamné l’an dernier à près de 32 ans de radiation pour une série d’infractions, notamment d’avoir utilisé des prête-noms, avoir eu des avantages illégaux, vendu des médicaments périmés et rédigé de fausses ordonnances.
Il a également remis à une patiente des somnifères plutôt qu’un antibiotique.
Avant de reconnaître cette dernière erreur, il a toutefois prétendu que c’est sa cousine qui avait rempli la prescription de flurazepam plutôt que d’antibiotiques.
PATIENTE BLESSÉE
La syndique de l’ordre, Lynda Chartrand, a raconté hier que la patiente s’est blessée en chutant la nuit. La dame d’un peu plus de 70 ans prenait trois comprimés de somnifères, trois fois par jour, alors qu’il faut en prendre un ou deux au coucher. Au total, elle a pris 33 comprimés en quatre jours avant d’être hospitalisée.
« Il aurait pu y avoir des conséquences désastreuses », a dit la syndique aux membres du conseil de discipline.
L’erreur est survenue trois semaines après la publication des premières révélations de notre Bureau d’enquête sur ce pharmacien hors norme qui possédait une quarantaine de pharmacies partout au Québec, dont plusieurs par le biais de prête-noms.
« J’AI MENTI »
Lorsque la syndique l’a interrogée une première fois sur l’erreur de médicaments, Mme Valiquette a prétendu qu’elle avait seulement dépanné son cousin en allant travailler avec lui à Mont-tremblant. Elle était alors en congé de maternité et vivait dans la région de Montréal.
Sa version des faits était toutefois plutôt confuse. Elle a notamment dit que son conjoint et son bébé de 2 mois l’ont attendue dans la pharmacie pendant qu’elle travaillait.
Elle a également dit qu’une lettre écrite par Perreault pour lui imputer la responsabilité était authentique. Or, quelques mois plus tard, elle a avoué avoir menti et que ce n’était pas elle qui avait signé.
« J’ai menti, vous me demanderiez si je le referais, ce serait non. Si je le regrette, oui », a-t-elle dit à la syndique selon un enregistrement présenté hier en preuve.
Elle a soutenu que Perreault était en panique et tenait des propos suicidaires pour expliquer pourquoi elle avait menti à l’ordre. Elle a tout de même plaidé non coupable aux deux chefs d’entrave.