Le Journal de Quebec

La fin pour la maison Rodolphe-audette

Les élus de Lévis se rangent derrière la décision du comité de démolition

- DOMINIQUE LELIÈVRE

Le conseil municipal de Lévis a autorisé à l’unanimité hier la démolition de la maison patrimonia­le Rodolphe-audette, mettant fin à une saga qui dure depuis quatre ans.

Les élus devaient trancher sur le sort de la résidence centenaire du 6410, rue Saint-Laurent, après que des citoyens eurent porté en appel la décision du comité de démolition de la Municipali­té. Celui-ci était favorable à la demande du propriétai­re des lieux, l’entreprise Le Belvédère de Lévis.

C’est donc une première victoire pour le promoteur qui souhaite raser l’immeuble, inoccupé depuis un incendie il y a 20 ans, pour faire de la place à un projet immobilier. Le terrain offre une vue imprenable sur le fleuve Saint-laurent.

Le projet de remplaceme­nt, qui n’est pas encore connu, devra respecter le gabarit et les attributs architectu­raux du bâtiment d’origine, comme le stipule le programme particulie­r d’urbanisme du Vieux-lévis.

DÉGRADATIO­N AVANCÉE

« Il ne s’agit pas d’une décision idéale pour nous, tous en conviennen­t. Il y avait quand même une certaine valeur patrimonia­le, mais force est de constater que maintenant, nous n’avons d’autre choix que d’entériner la décision du comité de démolition », a commenté le maire de Lévis, Gilles Lehouillie­r.

Affaisseme­nt des murs et de la maçonnerie, dégradatio­n avancée, infiltrati­on d’eau : la résidence se trouve dans un sale état et les coûts de rénovation seraient « prohibitif­s », selon le comité de démolition.

« Ce bâtiment-là aurait dû faire l’objet d’une protection meilleure dans le passé », a soutenu M. Lehouillie­r. Comme l’immeuble est de propriété privée, le pouvoir d’interventi­on de la Ville était limité, a-t-il fait valoir.

VIFS ÉCHANGES

La décision des élus a suscité de vifs échanges entre le maire et une trentaine de citoyens lors d’une séance extraordin­aire du conseil municipal. Certains ont reproché à l’administra­tion municipale de ne pas avoir été à l’écoute de leur propositio­n de faire du bâtiment un centre d’interpréta­tion en histoire et en généalogie.

En 2014, le conseil municipal de Lévis s’était d’ailleurs opposé à une première demande de démolition en invitant la population à présenter des projets de restaurati­on.

Le maire affirme qu’aucun projet sérieux n’a été soumis depuis, et que la Ville de Lévis n’a pas pour vocation ni les moyens financiers d’acquérir des bâtiments patrimonia­ux privés pour les restaurer. Quelque 4700 bâtiments patrimonia­ux se trouvent sur son territoire.

« Ce sont des intentions de quelques citoyens. À un moment donné, c’est qui le promoteur qui est derrière vous autres ? Nous autres, ça nous prend un projet sérieux », a rétorqué M. Lehouillie­r à ces personnes. « C’est insultant », a-t-on pu entendre dans le public.

Au terme de la séance, des citoyens ont exprimé leur désir de poursuivre leur combat. Ils souhaitent maintenant une interventi­on de la ministre québécoise de la Culture.

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PHOTO D’ARCHIVES STEVENS LEBLANC L’ancienne demeure de Rodolphe Audette, l’un des premiers dirigeants de la Banque Nationale, pourra être démolie.

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