Une haine diabolique
Disons d’abord notre effroi devant le massacre de Pittsburgh, qui est une autre de ces tueries américaines où un fou furieux surarmé décide de semer la mort autour de lui.
Mais Robert Bowers n’a pas tiré au hasard dans une foule : il a visé explicitement une synagogue, pour abattre le plus de membres possible de la communauté juive, confirmant par là la persistance dans les marges de la société américaine d’un antisémitisme si violent qu’il pousse au crime. Si ce qui caractérise le terrorisme d’extrême droite, c’est qu’il est souvent le fait d’un loup solitaire, on verra dans cet attentat un acte terroriste à part entière.
ANTISÉMITISME
L’antisémitisme est assurément un des délires les plus profondément ancrés dans la psyché de l’humanité. Il pousse à voir chez les Juifs un corps étranger qui vampiriserait l’humanité ou la souillerait. Les Juifs domineraient le monde en s’infiltrant parmi les nations pour les désarmer mentalement et les soumettre invisiblement. Ils représenteraient la part maudite du monde.
Dès lors, il faudrait s’en débarrasser, soit en les isolant socialement, soit en les excluant et en les enfermant dans un ghetto, soit en les exterminant. Le vingtième siècle a vu culminer cette passion diabolique avec l’holocauste, où les nazis programmèrent l’extermination industrielle d’un peuple. Manifestement, Robert Bowers est de ceux qui jugent qu’hitler n’a pas assez tué et qu’il reste encore du travail à faire.
MALADIE
L’antisémitisme est une expression idéologisée de la part malade de l’âme humaine. Il canalise sur une communauté particulière la recherche du bouc émissaire, tout comme il trouve en elle le coupable idéal pour n’importe quelle théorie du complot.
Et si dans un monde pacifié, il peut être refoulé dans les marges, il semble rejaillir dès qu’une société redevient houleuse. On y verra une tentation luciférienne, qu’il faudra toujours combattre, dans une lutte sans fin contre ce qu’on appellera la Bête.