Les médias québécois épargnés par Scheer
Les conservateurs multiplient les attaques envers la presse canadienne
OTTAWA | Le récent virage anti-média du Parti conservateur d’andrew Scheer a pour l’instant épargné le Québec, qui ne serait toutefois pas à l’abri de cette tendance incarnée par Donald Trump aux États-unis.
Dans les dernières semaines, les troupes conservatrices ont attaqué de front certains médias et journalistes, les accusant d’être à la solde des libéraux de Justin Trudeau. Le chef en a remis une couche la semaine dernière au cours d’un événement politique organisé à Ottawa pour lancer l’année préélectorale.
M. Scheer a prévenu les militants présents que la prochaine élection sera difficile, car Justin Trudeau bénéficie de l’appui « des médias, des commentateurs politiques, des universitaires et des groupes de pression ».
À un an des élections, cet angle d’attaque du Parti conservateur était « prévisible », selon un stratège conservateur, Tim Powers. « Pour les conservateurs, ça sert à motiver la base, ce qui aide à amasser des fonds. »
COMME TRUMP ?
M. Powers croit que la comparaison entre M. Scheer et le président Donald Trump est exagérée, du moins pour l’instant. Le chef conservateur devra toutefois éviter de verser dans des propos incendiaires susceptibles de rebuter une majorité d’électeurs, poursuit M. Powers.
Les attaques conservatrices sur des membres des médias et leurs employeurs ont été conduites la plupart du temps sur les réseaux sociaux. Pour le moment, la presse québécoise a en général été épargnée.
Pas pour longtemps, pense le professeur de journalisme Jean-hugues Roy. « Il n’y a aucune raison qu’on y échappe », juget-il. Un avis que partage le président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, Stéphane Giroux. Le politologue Frédéric Boily estime quant à lui « qu’il y a moins de capital politique à tirer au Québec » des attaques envers les journalistes, car « il y a plus de consensus sur l’utilité des médias ».
PAS UNE STRATÉGIE
Une source conservatrice qui a requis l’anonymat assure que le parti n’a pas l’intention de démoniser les médias à l’approche des élections. L’objectif serait plutôt de « corriger les faits quand il faut les corriger », se plaignant au passage que le Parti conservateur « ne l’a jamais facile ».