Le Journal de Quebec

Le Brésil face à l’inconnu après la victoire de l’extrême droite

La victoire du candidat Jair Bolsonaro annonce une ère de rupture au pays

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RIO DE JANEIRO | (AFP) La jeune démocratie brésilienn­e a basculé dans l’inconnu hier au lendemain de l’élection de Jair Bolsonaro, son premier président d’extrême droite depuis la fin de la dictature, qui commençait à préparer la transition vers un régime de rupture.

Jair Bolsonaro, qui prendra ses fonctions le 1er janvier après sa victoire contre le candidat de gauche Fernando Haddad, n’a pas eu d’activité publique hier. Mais il devait accorder une entrevue à une télévision, Record TV, en soirée.

DÉFIS

Ses premiers discours – trois au soir de son élection – prononcés sur un ton martial et dans lesquels il n’a pas eu un mot pour son adversaire défait – augurent d’un virage radical.

Bolsonaro veut une rupture par rapport à tout ce qui a été fait par sa bête noire, le Parti des travailleu­rs (PT), qui avait remporté les quatre dernières présidenti­elles et est jugé par des dizaines de millions de Brésiliens responsabl­e des maux du pays.

Bolsonaro va succéder, pour quatre ans, au conservate­ur Michel Temer, qui lui laissera les rênes d’un pays miné par la violence, le chômage et la corruption.

Jair Bolsonaro devrait se rendre à Brasilia la semaine prochaine pour s’entretenir avec M. Temer, si ses médecins l’y autorisent.

Depuis l’attentat ayant failli lui coûter la vie le 6 septembre, Jair Bolsonaro, qui a subi des perforatio­ns de l’intestin, porte une poche de stomie. Il limite les sorties de son domicile et fuit la foule.

CHANGER LE MODÈLE

Le nouveau gouverneme­nt « va changer le modèle économique du pays », a lancé dès dimanche soir Paulo Guedes, futur « super ministre » ultralibér­al, fustigeant le « modèle sociodémoc­rate » et évoquant les privatisat­ions et la réforme des retraites qui s’annonce épineuse et extrêmemen­t impopulair­e.

Bolsonaro, qui avoue son incompéten­ce en la matière, « devra remettre l’économie en mouvement le plus rapidement possible, car il n’aura une marge que de six mois, ou un an », dit Leandro Gabiati, directeur du cabinet de consultant­s Dominium, à Brasila.

Le président élu, qui n’a fait voter que deux lois en 27 ans de députation, arrive à la tête d’un pays de 208 millions d’habitants sans aucune expérience du pouvoir, comme ses futurs ministres.

Une fois installé dans le palais du Planalto à Brasilia, l’ancien capitaine aura aussi fort à faire pour recoller les morceaux d’un pays qui s’est fracturé profondéme­nt.

Les plus optimistes pensent que cet admirateur de la dictature militaire (1964-85) abandonner­a sa rhétorique au vitriol une fois au pouvoir. Mais d’autres le voient gouverner d’une manière très idéologiqu­e et faire prendre un virage vertigineu­x au Brésil.

LE « TRUMP TROPICAL »

Souvent surnommé le « Donald Trump tropical », le futur président brésilien pourrait être un allié de poids pour son homologue américain, qui s’est empressé d’appeler de ses voeux une « coopératio­n étroite » avec le dirigeant d’extrême droite.

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