Le Journal de Quebec

Mauvaise foi des démocrates

- DENISE BOMBARDIER denise.bombardier@quebecorme­dia.com

Il ne faut pas déduire du court portrait que j’ai brossé hier du président Trump, comme l’ont fait trop de lecteurs, que je suis une inconditio­nnelle du parti démocrate américain.

Dans notre monde de blanc ou noir, il devient parfois risqué de s’aventurer hors des étiquettes dans lesquelles on veut enfermer les uns et les autres.

Les démocrates américains ne sont pas sans défauts. Les instances du parti ne sont pas sans taches, sans reproches et sans fautes. Hillary Clinton n’a pas de leçons de vertu à donner à ses compatriot­es républicai­ns. Les Clinton vivent depuis des décennies au-dessus des Américains moyens et se sont comportés, hélas ! comme des élites à qui le peuple est redevable. Ils se sont enrichis grâce à la politique.

Bill Clinton, aussi avenant et sympathiqu­e que sa femme est froide et hautaine, a terni après tout la fonction de président de son pays en se faisant faire des fellations dans le bureau ovale de la Maison-blanche par une jeune stagiaire.

AMBITION POLITIQUE

Monica Lewinsky sera par la suite démolie psychologi­quement et profession­nellement par Hillary Clinton, l’épouse non pas éplorée, mais enragée et à l’ambition politique rapidement avouée.

Barack Obama et son épouse ont ramené à la Maison-blanche plus de classe et de dignité. Mais le président Obama, un intellectu­el brillant, a été incapable de descendre de son piédestal de professeur de Harvard pour donner à ses commettant­s le sentiment qu’il les comprenait et éprouvait de la compassion pour eux.

Son libéralism­e social et culturel n’a jamais pu rejoindre les préoccupat­ions terre à terre des déclassés, des démunis et des désillusio­nnés du rêve américain. La crise bancaire et financière de 2008 a aussi plombé les pauvres et les a littéralem­ent jetés à la rue. L’affaibliss­ement de la puissance américaine dans le contexte de la mondialisa­tion et le sentiment à travers tout l’occident du recul des valeurs démocratiq­ues, héritage d’un passé en train de s’effriter, ont fait le reste.

Les élites traditionn­elles de nos pays sont en partie responsabl­es du kidnapping par des politicien­s atypiques des institutio­ns démocratiq­ues. Des leaders qui se réclament du peuple sont apparus. Donald Trump a ainsi réussi à s’emparer du parti républicai­n qui avant lui avait joué selon les règles.

SILENCE RÉPUBLICAI­N

L’ancien candidat à la présidence, John Mccain, a été le plus courageux de ces républicai­ns et a sauvé d’une certaine manière l’honneur de ceux qui ont pris leurs distances avec Trump. Aujourd’hui, ces républicai­ns sont abattus et silencieux.

Le parti démocrate n’arrive pas à se ressaisir. Aucun candidat crédible ne s’impose au point que Hillary Clinton se laisse bercer par l’idée de reprendre son bâton doré pour briguer de nouveau la présidence.

Le choix des démocrates conscients de la déconnexio­n entre leur parti et les couches populaires est douloureux. Il faut qu’ils fassent d’abord leur mea culpa.

Un personnage comme Donald Trump n’aurait jamais pu réussir à s’offrir la Maison-blanche si les dirigeants démocrates n’avaient pas en un sens trahi leurs promesses de justice sociale. S’ils n’avaient pas brisé eux-mêmes le rêve américain.

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Les démocrates ne sont pas sans défauts.
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