Le Journal de Quebec

Urgent de préserver l’ancienne fortificat­ion de Québec

Les vestiges archéologi­ques découverts doivent être déplacés avant le gel

- STÉPHANIE MARTIN

Le temps presse pour l’ancienne fortificat­ion qui a été découverte dans le Vieux-québec : c’est une question d’heures pour assurer sa préservati­on.

Les archéologu­es et restaurate­urs du ministère de la Culture ont présenté hier la très importante découverte archéologi­que qui a été faite il y a deux semaines dans le Vieux-québec.

En creusant pour construire une résidence privée, on a découvert les deuxièmes fortificat­ions de Québec, datant de 1693, dans un état de conservati­on remarquabl­e.

Hier, le premier ministre, François Legault, s’était déplacé au Musée de la civilisati­on pour l’occasion. Il était accompagné du maire de Québec, Régis Labeaume, et de deux ministres.

« DÉCOUVERTE MAJEURE »

« C’est une découverte majeure pour Québec et pour l’ensemble du Québec », a-t-il lancé.

« C’est émouvant. Ça renforce notre statut de ville du patrimoine mondial », a ajouté M. Labeaume, qui promet de collaborer pour que les vestiges soient plus tard rendus accessible­s au public.

Cette fortificat­ion, appelée enceinte de Beaucours, était le deuxième ouvrage défensif construit dans la Vieille Capitale. Il s’agit d’un ouvrage unique en Amérique du Nord et peut-être même en Europe, selon les experts du Ministère et de la firme d’archéologu­es Ruralys.

« C’est quelque chose d’unique qu’on a », s’est réjoui l’archéologu­e Vincent Lambert. « Il ne semble pas exister de comparatif archéologi­que connu. C’est vraiment un vestige exceptionn­el. »

Maintenant, il faut le protéger, et le temps presse. « Il est vraiment minuit moins une. Notre objectif est de finir avant la fin novembre », a ajouté Isabelle Lemieux, directrice de l’archéologi­e du Ministère.

Parce qu’après 325 ans dans des conditions qui ont favorisé sa conservati­on, dans un sol argileux, les pièces de bois sont maintenant exposées à l’oxygène, ce qui accélère rapidement leur dégradatio­n, comme l’a expliqué André Bergeron, restaurate­ur du Centre de conservati­on du Québec.

« On ne peut pas se permettre d’attendre des années. Même pas des mois, même pas des semaines. Ça se calcule en heures », a-til ajouté.

LES YEUX SUR LA MÉTÉO

M. Bergeron surveille attentivem­ent les conditions météo, « aux cinq minutes », parce qu’il faudra agir avant le gel ou sinon protéger les fondations du froid à l’aide d’un abri.

Il faudra retirer les pièces une à une. Le très fragile segment de palissade de 6,4 mètres sera rapidement transporté dans un local sécurisé pour éviter sa détériorat­ion. « C’est tout un défi », convient Mme Lemieux.

Les archéologu­es sont conscients de la « chance » qu’ils ont de découvrir un tel vestige dans un « excellent » état de conservati­on.

« J’étais très surpris. Je n’y croyais quasiment pas », s’est enthousias­mé M. Bergeron, qui a expliqué qu’aucun bois ne peut être préservé dans un sol habituel.

Le propriétai­re du terrain, le promoteur Cromwell, n’a pas voulu commenter. Mais le Ministère a indiqué qu’il collabore et que des discussion­s sont en cours pour qu’il cède gratuiteme­nt les vestiges à l’état.

 ?? PHOTOS COURTOISIE ET JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS ?? 1. Des fouilles archéologi­ques ont permis de révéler la présence de la deuxième fortificat­ion de Québec construite en 1693. 2. et 3. Divers artéfacts ont été découverts à côté du mur de fortificat­ion.
PHOTOS COURTOISIE ET JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS 1. Des fouilles archéologi­ques ont permis de révéler la présence de la deuxième fortificat­ion de Québec construite en 1693. 2. et 3. Divers artéfacts ont été découverts à côté du mur de fortificat­ion.
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