Urgent de préserver l’ancienne fortification de Québec
Les vestiges archéologiques découverts doivent être déplacés avant le gel
Le temps presse pour l’ancienne fortification qui a été découverte dans le Vieux-québec : c’est une question d’heures pour assurer sa préservation.
Les archéologues et restaurateurs du ministère de la Culture ont présenté hier la très importante découverte archéologique qui a été faite il y a deux semaines dans le Vieux-québec.
En creusant pour construire une résidence privée, on a découvert les deuxièmes fortifications de Québec, datant de 1693, dans un état de conservation remarquable.
Hier, le premier ministre, François Legault, s’était déplacé au Musée de la civilisation pour l’occasion. Il était accompagné du maire de Québec, Régis Labeaume, et de deux ministres.
« DÉCOUVERTE MAJEURE »
« C’est une découverte majeure pour Québec et pour l’ensemble du Québec », a-t-il lancé.
« C’est émouvant. Ça renforce notre statut de ville du patrimoine mondial », a ajouté M. Labeaume, qui promet de collaborer pour que les vestiges soient plus tard rendus accessibles au public.
Cette fortification, appelée enceinte de Beaucours, était le deuxième ouvrage défensif construit dans la Vieille Capitale. Il s’agit d’un ouvrage unique en Amérique du Nord et peut-être même en Europe, selon les experts du Ministère et de la firme d’archéologues Ruralys.
« C’est quelque chose d’unique qu’on a », s’est réjoui l’archéologue Vincent Lambert. « Il ne semble pas exister de comparatif archéologique connu. C’est vraiment un vestige exceptionnel. »
Maintenant, il faut le protéger, et le temps presse. « Il est vraiment minuit moins une. Notre objectif est de finir avant la fin novembre », a ajouté Isabelle Lemieux, directrice de l’archéologie du Ministère.
Parce qu’après 325 ans dans des conditions qui ont favorisé sa conservation, dans un sol argileux, les pièces de bois sont maintenant exposées à l’oxygène, ce qui accélère rapidement leur dégradation, comme l’a expliqué André Bergeron, restaurateur du Centre de conservation du Québec.
« On ne peut pas se permettre d’attendre des années. Même pas des mois, même pas des semaines. Ça se calcule en heures », a-til ajouté.
LES YEUX SUR LA MÉTÉO
M. Bergeron surveille attentivement les conditions météo, « aux cinq minutes », parce qu’il faudra agir avant le gel ou sinon protéger les fondations du froid à l’aide d’un abri.
Il faudra retirer les pièces une à une. Le très fragile segment de palissade de 6,4 mètres sera rapidement transporté dans un local sécurisé pour éviter sa détérioration. « C’est tout un défi », convient Mme Lemieux.
Les archéologues sont conscients de la « chance » qu’ils ont de découvrir un tel vestige dans un « excellent » état de conservation.
« J’étais très surpris. Je n’y croyais quasiment pas », s’est enthousiasmé M. Bergeron, qui a expliqué qu’aucun bois ne peut être préservé dans un sol habituel.
Le propriétaire du terrain, le promoteur Cromwell, n’a pas voulu commenter. Mais le Ministère a indiqué qu’il collabore et que des discussions sont en cours pour qu’il cède gratuitement les vestiges à l’état.